3.10.06

Antonio Munoz Molina – Fenêtres de Manhattan

Autant j’avais été emballé par « L’Hiver à Lisbonne » (voir plus bas dans le blog), autant la dernière livrée d’Antonio Munoz Molina m’a laissé sur ma faim.

Un livre de rêverie sur Manhattan, sur ce que l’on peut y voir, en tant qu’étranger cherchant à s’y intégrer, à se faire accepter, sans se faire remarquer.

Pour ceux qui, comme moi, se sont souvent rendus à Big Apple, les anecdotes font mouche. Tout y est vrai à commencer par la description de l’arrivée à l’aéroport JFK où les fonctionnaires de l’immigration vous traitent avec un mépris et une brutalité qu’on ne rencontre même pas dans les pays où démocratie est à peine orthographiée. Cette séquence d’une quinzaine de pages est d’ailleurs brillante, fascinante de réalisme et résume parfaitement toute l’ambiguïté de la société américaine dont la tolérance n’est que pure façade, apparence dangereuse.

Mais, peu à peu, le livre s’enfonce dans une succession de scènes de la vie quotidienne au rythme où les souvenirs remontent à la surface, dans n’importe quel ordre, sans prévenir.

Des témoignages et détails sur ce qui s’est réellement passé sur place, le 11 septembre et dans les jours qui y ont suivi sont d’un réel intérêt. Ces pages retiennent d’ailleurs votre attention, vous réveillant d’un lent étourdissement.

Le reste finit par vous enfoncer dans une totale indigestion malgré la beauté de la langue et la qualité de la traduction. Pour ceux qui ne connaissent pas Manhattan et sa juxtaposition extrême de toutes les catégories et classes sociales que l’intolérante société américaine peut produire, ce livre peut être fort utile.

Pour les nostalgiques qui voudront y retrouver chaque micro-impression vécue sur place, aussi.

Pour tous les autres, vous risquez l’abandon en cours de route, laissés KO par l’amoncellement de petites scènes, la richesse des détails historiques, le dédale dans la ville qu’il vous faut connaître par cœur sinon vous vous y perdrez, comme dans ce livre.

Un livre qui aurait pu, du tenir en 150 pages au plus. Il y en a 348 d’une densité absolue, presque sans saut de section et absolument sans aucun dialogue si ce n’est celui intérieur, celui du cerveau qui se souvient. Beaucoup trop…

348 pages – Publié au Seuil

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