3.3.08

Quelque part dans la voie lactée – Hubert Haddad

Recueil de nouvelles de la transfiguration, d’une luminosité stylistique encore une fois époustouflante !

Transfiguration d’un vieil acteur de théâtre qui revient à la vie, chaque soir, dans le rôle de son existence, Faust, qui le sublime et qu’il sublime, allant jusqu’à verser son propre sang pour la rédemption de Marguerite dans « Un diable sans invention ».

Transfiguration d’une strip-teaseuse de l’Erostar qui, soudainement, en plein spectacle devient invisible aux autres. Elle en profite pour favoriser, à leur insu, de violents jeux amoureux auxquels elle ne dédaigne pas de participer avant de tomber sur son âme sœur, dans « Une femme invisible ».

Transfiguration d’une jeune femme de bonne famille qui, cédant à l’inspiration artistique, habillera hallucinée, une forme d’épouvantail de ses fripes afin d’en faire la représentation tangible du cavalier bleu dans « La métamorphose du cavalier ».

Transfiguration, encore, dans « Absentia » où un pauvre garçon se verra contraint d’héberger une jeune femme dans son étroit studio parisien sans jamais la rencontrer. Pourtant, par les petites traces de vie laissées par l’un et l’autre au regard de l’autre absent, une impossible passion amoureuse finira par se nouer sans jamais pouvoir se sublimer.

Et ce ne sont là que quelques morceaux choisis.

Chacune des nouvelles de ce magnifique recueil porte sa part de folie, de fureur guerrière particulièrement frappante dans les récits se déroulant dans les temps anciens et/ou en Asie, de mini drame qui se joue dans la tête et l’âme de chacun des acteurs.

Hubert Haddad aime aussi à jouer avec nous en mettant en scène un vague homonyme partile, Hans Haddad, égyptologue collectionneur de momies avec lesquelles il entretient d’étranges rapports oniriques dans « LA Reine du Nil Bleu », accentuant encore la bizarrerie dédalique de ces récits. Chacun saura y trouver la part de rêve, de fantasmes, d’enchantement ou de délire.

Un exercice comme toujours chez Hubert Haddad, à l’écriture superbement maîtrisée, poétique et savante, dont la musique nous transporte instantanément.

Un grand auteur décidément !

Publié aux Editions Fayard – 165 pages

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