6.6.08

Vie et mort de Samuel Rozowski – Myriam Anissimov

Sans cesse, au fil des pages, je me serai interrogé sur le fait de savoir si ce roman était bon ou mauvais. Une fois la dernière page refermée, j’avoue encore hésiter. Comme Salomon, je ne m’engagerai pas trop et finirai par dire qu’il est sans doute moyen… Mais très moyen, alors !

Il faut avancer dans la lecture pour réaliser que les cinquante premières pages ont quelque chose à voir avec la suite. Pourtant, tout donne l’impression qu’il s’agirait plutôt de deux récits, commencés indépendamment l’un de l’autre, et qu’un éditeur inattentif aurait assemblé par hasard. C’est dire, mais je dois finalement être insensible à certains partis-pris littéraires qui consistent à semer délibérément le lecteur.

On finit, cahin-caha, par comprendre que cette jeune femme juive à l’adolescence tumultueuse à une époque où coucher signifiait assez rapidement avorter, par faiseuse d’ange interposée, et ce gangster juif qui, après de minables casses de braves commerçants, juifs pour la plupart, finit par assassiner deux vendeuses d’une boutique chic de lingerie après un hold-up qui tourne mal, ont un point commun. Ma phrase est longue et tortueuse, j’en conviens. Dites-vous qu’elle traduit le cours sinueux de la pensée peu inspirée de Myriam Anissimov !

Bref, ces deux personnages sont liés par une même vie. Celle d’une femme d’âge mur, partie à Riga retrouver son compagnon, chef d’orchestre assez insupportable et qui met à profit un vol fastidieux et long pour repasser les étapes essentielles de sa vie.

L’adolescente indomptable, ce fut elle. Le voyou, Samuel Rozowski, défraya la chronique et rassembla sous sa cause improbable et brillamment défendue par un avocat ambitieux et talentueux, une multitude prête à l’innocenter quand le dossier d’instruction l’accablait. Elle fut de cette multitude, y crut. Ses parents connurent ceux de Samuel : il y a comme un devoir de loyauté. Déçue par Samuel, dupée par lui, elle le laissa tomber, peu de temps avant que lui-même ne tombe sous les balles de terroristes qu’il avait floués.

La culture hébraïque, le yiddish et l’allemand sont omniprésents dans cet ouvrage. Bref, le fond commun de ce qui fit la culture d’un peuple décimé il y a plus de soixante ans. On y apprend pas mal sur le laxisme occidental, pendant le carnage, ainsi que sur la faiblesse des poursuites légales, bien vite interrompues, des bourreaux des camps de la mort. Mais tout ceci reste superficiel, comme l’ensemble de cet ouvrage.

Rozowski, personnage inspiré d’un fait réel des années soixante, entretenait une relation pour le moins ambiguë avec les Juifs, fils de héros de la résistance et meurtrier inconfessé, calque son comportement sur le personnage principal d’un roman populaire yiddish de la moitié du XXeme siècle. Il n’en a pas la classe.

Manipulateur, philosophe, retords, il n’en reste pas moins un personnage psychotique, vulgaire et qui n’inspire que dégoût. Il est une certaine fascination à voir comment les foules peuvent ainsi se convaincre de contre-vérités frappantes.

Pour le reste, nous sommes improprement trimballés entre les grands nazis, pourchassés pour payer leurs fautes, les membres des services secrets israéliens chargés de les liquider ou de les arrêter, les mafieux russes et une portion de l’intelligentsia parisienne.

Tout cela manque d’allant, de tenue, de structure : on se perd bien vite et l’attention est inversement proportionnelle au volume des pages écoulées…

Publié aux Editions Denoël – 244 pages

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