17.10.08

La disparition de Richard Taylor – Arnaud Cathrine

Pourquoi regrette-t-on, après avoir refermé ce roman atypique, l’exploitation du thème qui en a été faite ? Il y a un je ne sais quoi d’inachevé, une bonne idée qui n’est pas allée jusqu’au bout sans doute à cause de la multiplicité des personnages qui amènent à avoir une vision superficielle de ce qui se passe… Cest le charme mais la limite de ce roman assez intéressant au demeurant.

Richard Taylor est un trentenaire qui s’endort dans sa vie. Un bon boulot à la BBC, marié à une femme gentille mais sans intérêt, tout nouvellement père d’une petite fille et heureux ( ?) propriétaire d’un gentillet appartement de soixante mètres carrés à Brighton.

Son couple sombre, sans y prendre garde, dans la routine matérialisée par une absence de rapports sexuels et des soirées passeés côte à côte sans rien se dire. Une absence soudainement et cruellement révélée par une nouvelle voisine, célibataire, et qui se livre à des séances bruyantes de masturbation, juste derrière la cloison mal isolée de la chambre conjugale.

C’est le révélateur pour Richard Taylor qui, du jour au lendemain, sans prévénir, va disparaître de la vie de sa femme Susan et des siens. Il enverra une lettre décousue à sa mère et ses sœurs, qu’il déteste, pour régler des comptes qui, en fait, resteront ouverts.

L’intérêt du livre réside indéniablement dans la vision de lui qu’ont alors les diverses femmes qui comptent pour Richard Taylor.

Pas son épouse, femme sans intérêt et dont nous n’apprendrons presque rien. Mais les femmes rencontrées, quelques heures, quelques jours, quelques semaines. C’est elles qui vont nous montrer Taylor sous ses diverses facettes et mettre à nu la crise identitaire de cet homme en rupture de banc.

Un homme qui éprouvera le besoin de s’ancrer dans les divers univers féminins, ceux des femmes qui peuvent aimer sans l’être réellement en retour, ceux des hommes qui se prennent pour des femmes et qui vont voir en Richard un hâvre de tentation. Une tentation sans retour cependant.

Le roman aurait pu être glauque. Il ne l’est pas. Il est sombre, comme le désespoir qui s’empare de Richard, comme son incapacité à se reconstruire, comme sa déchéance morale, physique et psychologique. Finalement, nous ne saurons pas vraiment qui est Richard Taylor, ce qui l’anime, ce qui l’émeut. Il restera une forme de mystère pour les femmes qui parlent de lui et pour nous, lecteurs.

Le livre laisse ouvert d’ailleurs tout futur, comme s’il appartenait à Richard de se prendre en main et de repartir, faisant fi de ce qu’il a pu/su inspirer aux autres.

Un livre à découvrir, malgré ses imperfections. Pas un grand roman, mais un assez bon ouvrage tout de même.

Publié aux Editions Verticales – 195 pages

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