2.10.09

La langue maternelle - Vassilis Alexakis



Ou bien les romans confiés à la sagacité du jury Médicis étaient d’une bien piètre pauvreté, ou bien les membres de cette auguste assemblée ont obéi à un schéma qui, je l’avoue, m’échappe. Toujours est-il que ce prix Médicis 1995 est un roman raté.


Raté par un style ampoulé, alambiqué à souhait et qui se veut souvent érudit mais dont le résultat n’est que d’endormir un peu plus un lecteur qui se demande quand ce périple assommant va bien prendre fin.


Raté par l’incapacité à servir une bien haute ambition dans le thème abordé. Allons donc au fait.


Un émigré grec, dessinateur humoristique pour le compte de grands journaux parisiens, revient au pays après la chute du régime des colonels.


Il y redécouvre sa famille, ses racines, ses souvenirs d’enfance grâce à un frère malheureux en amour et un père, conteur d’histoires pour le gynécée qui l’entoure et malgré tout en proie à des phobies annonciatrices d’un gâtisme avancé. Jusque là, tout va bien.


Là où le roman se met à déraper, c’est lorsque notre émigré, dont le nom (comme celui de l’auteur), ne contient aucun E se met en quête de vouloir comprendre la signification de l’Epsilon qui trônait au-dessus de l’entrée du temple de la pythie à Delphes.


Un mystère non éclairci et qui va conduire notre émigré en mal de pays à un périple désordonné, hasardeux, fait de rencontres plus ou moins cocasses afin d’élaborer une théorie qui en vaudra une autre.


Il y a du bon dans le roman comme l’idée de jeter dans un carnet de voyage un mot, glané au fil du périple, par page commençant par Epsilon et de voir quelle histoire va en sortir. Du bon encore dans l’ambiance des soirées rythmées par l’ouzo, le plaisir de la drague qui sont assez bien rendus.


Mais le récit dérape le plus souvent dans d’ineffables langueurs, une somme de conjectures où l’on se perd sans tarder. Les références à l’antiquité sont difficilement maîtrisées et surtout injectées sans talents, brutes de fonderie et finissent d’assommer le lecteur pourtant docile que je fus.


Au total, je n’avais qu’une hâte, celle d’en finir avec ce roman disons-le, carrément raté. A éviter donc ! Vous trouverez bien d’autres suggestions de lectures passionnantes dans Cetalir pour ne pas perdre votre temps avec celui-ci.


Publié aux Editions Fayard - 313 pages