22.6.10

Coco Dias ou la Porte Dorée – Brina Svit


Brina Svit est une jeune slovène qui en est à son troisième roman écrit en Français avec « Coco Dias ou la Porte Dorée ».

Un drôle de titre pour un drôle de livre.

Au départ, une idée originale. Brina Svit se prend pour prétexte à son roman. En mal d’inspiration, séparée d’un mari lassant et devenu insupportable, elle cherche à se reconstruire en apprenant à danser le tango.

Son maestro sera Coco Dias, ex-gloire argentine, émigré oublié et vivant de cours privés donnés du côté de la Porte Dorée. Un marché toutefois. Brina apprendra le tango, le mystère de ses pas, le secret langoureux du plaisir d’être enlacé dans les bras d’un homme macho si et seulement si elle raconte la vie romanesque de Coco Dias. Un chapitre, des passes.

A partir de là, Brina Svit va nous conduire de façon savante à travers les méandres d’une intrigue un peu complexe et, il faut bien l’avouer, assez difficile à suivre.

Car, Brina n’est pas Brina, mais Valérie, une femme proche de la ménopause, en mal d’amour, à la recherche du grand frisson, sans trop y croire. Et Valérie est traductrice et commet, à ses heures perdues des romans aux titres alambiqués que personne, à part son éditeur, ne lit. Valérie, Brina, (?), est un peu dépressive et cherche à donner un nouveau sens à sa vie.

Et Valérie prend des notes sur Coco Dias, sur sa vie, ce qu’il lui inspire. Mais c’est avant tout sur elle qu’elle écrit, sur sa quête de l’homme idéal, sur ses regards d’encore jolie femme que peu d’hommes osent aborder. C’est sur ses amants d’un soir, ses soupirants de toujours mais trop timorés pour passer à l’acte qu’elle laisse courir sa plume. Bref, elle soigne son spleen en s’analysant.

Les meilleures pages sont celles sur le tango où l’auteur sait tracer avec talent les règles du jeu de séduction qui s’y joue en permanence. On y sent Brina plus à l’aise, plus proche des vrais sentiments, moins sous le contrôle d’une écriture qui requiert une construction élaborée pour maintenir entier et stable un édifice sophistiqué.

Résultat, la succession de scènes où se succèdent des personnages parallèles, le passage du monde onirique au monde prétendu réel, le glissement permanent du lieu, du temps, de l’espace rendent la lecture souvent délicate. Il faut une attention soutenue pour ne pas se laisser perdre par ce roman talentueux, certes, mais qui souffre encore d’une maîtrise rythmique perfectible.

Mais l’effort est méritoire, la construction et l’idée, astucieuses. Et les rythmes et les musiques du tango argentin valent le détour.

Alors, laissez-vous tenter, histoire d’encourager une romancière prometteuse !

Publié aux Editions Gallimard – 246 pages