24.8.10

Titan – La trilogie de Gaïa I – John Varley


Découvrir le premier tome de cette trilogie de SF près de trente ans après sa première publication reste une heureuse découverte. Le livre n’est pas trop daté, à part quelques références à des écrans cathodiques noirs et verts qui nous paraissent aujourd’hui appartenir à la préhistoire informatique et l’absence vertigineuse, même en filigrane, d’Internet. Bien que n’étant pas, loin de là, un inconditionnel de SF, j’avoue avoir lu avec un certain plaisir cette épopée rédigée par l’un des grands auteurs américains de SF des années soixante dix/quatre vingt.

La raison en est fondamentalement que la puissance de l’imaginaire qui préside à la conception de l’ouvrage transcende le temps et les époques. On trouvera même, curieusement, de nombreux parallèles entre ce premier volume de Gaïa et le succès incroyable d’Avatar de James Cameron dont je ne serais pas surpris qu’il se soit plus ou moins librement inspiré de Gaïa.

Lorsque l’équipage du Vaisseau Spatial « Seigneur des Anneaux » (déjà en soi une autre référence !) va découvrir un anneau inconnu de Saturne et y déceler une forme artificielle complexe prouvant indéniablement la présence d’une intelligence supérieure, aucun des membres d’équipage ne peut imaginer en quoi cette découverte va profondément les transformer.

Happé par un bras télescopique géant, le vaisseau va se trouver englouti sur une gigantesque roue maintenue en son moyeu par une série de câbles titanesques qui montent vers une sorte de toit situé à des centaines de kilomètres d’altitude et se fixent sur un tore central.

Chacun des membres d’équipage va être digéré par cette construction avant que d’émerger nu et dispersé, plus ou moins profondément psychologiquement ou physiquement transformé, ayant acquis mystérieusement une somme de connaissances indispensable à la survie sur ce titanesque anneau parsemé de fleuves, de prairies, d’arbres gigantesques, et de mers.

Va commencer alors un long périple pour tenter, d’une part, de retrouver chacun des membres et, d’autre part, trouver un sens à cette construction qui défie l’intelligence humaine. Au cours de ce périple, les hommes et les femmes du « Seigneur des Anneaux » vont devoir, à la fois, tenir compte de leurs propres transformations pour apprendre à vivre ensemble, respectant les parts d’ombre et de liberté, acceptant que le noyau qu’ils ont formé éclate du fait d’aspirations individuelles à être autrement à ce nouveau monde, et à la fois, composer avec les formes de vie multiples et étranges dont cette planète a accouché.

Ainsi, les Titanides, sortes de centaure mi-homme mi-cheval, colorés et intelligents, ayant trouvé dans la nature des moyens sophistiqués de communication et s’exprimant à travers un langage complexe chanté et multi-tonal font indéniablement penser au peuple qui a domestiqué la planète d’Avatar.

La présence d’un gigantesque ver des sables qui ravage toute une partie de la planète est une référence explicite à Dune. Celle de gigantesques saucisses volantes qui sont domestiquées pour servir de moyen de transport aérien est, en soi, une trouvaille.

Le parcours collectif et individuel des membres d’équipage s’annoncera parsemé d’embûches, physiques (il faudra gravir quatre cents kilomètres de câbles pour atteindre le toit de Gaïa et obtenir certaines des réponses aux questions sur ce monde conçu par une déesse toute puissante) et psychologiques (guerres, viols, trahisons). Le récit est haletant, plein des indispensables rebondissements propres à maintenir l’intérêt à son climax.

Mais la vie sur place est d’une telle densité, d’une telle richesse d’expériences, d’une telle intelligence avec la nature qu’elle imposera, l’heure venue, de faire le choix de ne pas revenir sur Terre.

On attend de lire la suite avec impatience !

Publié aux Editions Denoël – réédité en Folio SF – 1980 – 418 pages