9.7.11

Le cahier rouge – Michel Tremblay


« Le cahier rouge » constitue la dernière étape de la trilogie des cahiers où la naine, Céline Poussin, se raconte et détaille, avec causticité et affection, les grands et petits maux des « goudines » (les travesties) de la « Main » de Montréal.

Comme pour affirmer une maturation dans son parcours littéraire, le fond et la forme de ce dernier cahier y sont assez différents des deux premiers.

Sur le fond, c’est le récit, détaillé, ciselé, et finalement très personnel de deux journées que Céline décide de raconter. Deux journées comme hôtesse de bar à goudines, deux journées ponctuées par la grande foire qu’engendrera l’exposition universelle de 1967 tenue à Montréal.

Sur la forme, le style y est un peu moins fleuri, plus affirmé et Céline, donc l’auteur lui-même, s’aventurent à effectuer des digressions, voire à résumer (et là c’est moins réussi) certains épisodes des deux tomes précédents, histoire de rafraîchir la mémoire éventuellement défaillante d’un lecteur peu attentif.

Au total, on continue de sourire et de s’attendrir sur ce que doivent subir ces pauvres hommes qui se prennent pour des femmes, sans en être pas plus qu’elles ne sont hommes.

Mais, à la différence des deux premiers cahiers, le récit finit un peu par traîner en longueur et n’a pas la fraîcheur initiale. Il faut dire que Tremblay aura usé jusqu’à la corde sa source d’inspiration et que cela reste un authentique exploit que de nous avoir tenu en haleine pendant un petit millier de pages autour de « la gang » à Céline.

Nous continuons avec ce récit à découvrir Montréal sous un jour inconnu, à savourer les inimitables expressions de nos amis canadiens, à nous réjouir avec les simples des grandes et petites joies quotidiennes en oubliant les grandes peines.

Et puis, nous découvrirons le secret jalousement gardé de la maquerelle Fine Dumas à travers un final haut en couleurs, jouissif et explosif, à l’image globalement de ces trois volumes indispensables de la littérature québécoise.

Publié aux Editions Actes Sud – 333 pages