12.5.12

Vie érotique – Delphine de Malherbe et dessins de Isild Le Besco



C’est un roman aussi violent que la passion amoureuse, que l’impudeur qui peut pousser une femme à devenir le jeu et l’enjeu de l’homme qu’elle aime, que le déchaînement et l’entremêlement des corps pour se fondre en l’autre, devenir l’autre tout en jouissant profondément de soi que nous donne à découvrir l’auteur.

Un roman par ailleurs superbement servi par des dessins profondément troublants, d’un érotisme frisant parfois la pornographie, illustrations du trouble qui s’empare de Vénus et d’Eros, noms dont se sont affublés cette homme et cette femme qui bravent tous les interdits pour se laisser emporter par le trouble le plus extrême.

Bref, il est impossible de rester indifférent à ce livre choc. Un livre à ne pas laisser entre toutes les mains, un livre réservé à un public d’hommes et de femmes qui ont vécu, qui ont souffert dans leurs âmes, leurs corps et leurs cœurs. Un livre que l’on aimera ou que l’on détestera, probablement.

Vénus est danseuse à l’opéra de Paris. Elle vit seule et est encore vierge à un âge où cela est devenu anormal. Elle meuble ses soirées en se postant à la fenêtre de son petit appartement parisien d’où elle observe l’homme qui habite en face, un peu plus bas. Un homme marié, père de deux enfants. Un homme qui la guette à son tour et avec lequel un dialogue gestuel va peu à peu s’élaborer. Peu à peu, le jeu qui crée l’attente et le désir de l’inaccessible va se corser, pousser l’un et l’autre à se dévoiler, à s’exposer dans leurs nudités respectives aux yeux de l’autre.

Alors Vénus finira par s’aventurer dans la chambre de bonne que possède Eros et se fera surprendre par lui, à l’improviste. Commenceront alors des jeux érotiques et sexuels, la découverte de l’amour physique, de la dépendance chimique de l’autre pour Vénus, le besoin irrépressible de devenir l’esclave de l’autre, son jouet jusqu’à se laisser enfermée par lui, devenir dépendante au risque d’y perdre sa carrière de danseuse.

Puis, au bout de quelques jours, lorsque les corps auront été assouvis, explorés de toutes les façons inventives et imaginables, exposés de façon la plus crue, il faudra sublimer cet amour, en faire un art, une nouvelle façon de danser, de vivre ou de mourir.

D. de Malherbe a résolument pris le parti de ne rien cacher, de nous livrer par le détail les jeux érotiques qui traversent les corps et les esprits de ces deux êtres, les poussent à prendre des risques insensés, à balayer leurs conventions, à repenser leur façon d’être à la vie. Façon de montrer la violence des sentiments qui ébranle tout e dont il nous appartient de trouver l’aboutissement et la sublimation faute de quoi l’on en sort détruit.

C’est très fort, très hard, très chaud sans jamais sombrer dans le vulgaire. Un livre dans la tradition érotique poétique des Bataille, des Baudelaire auquel il est fait explicitement référence. Un livre à la gloire de l’amour et de la danse, un livre pour mettre en garde des dangers de l’amour aussi.

A découvrir absolument.
Publié aux éditions Robert Laffont – 175 pages