29.12.12

Dans le jardin de la bête - Erik Larson



Voici un livre d’histoire qui se lit comme un thriller grâce à l’immense talent de son auteur. Il faut dire qu’Erik Larson avait déjà frappé fort avec son précédent livre paru en France sous le titre « Le diable dans la ville blanche» et dont les droits avaient été achetés par Leonardo di Caprio pour un film dont la sortie est prévue pour 2014.

« Dans la jardin de la bête » est son sixième livre, mais seulement le deuxième à paraître ici. Il a fait l’objet d’enchères record pour les droits d’adaptation au cinéma remportés par l’acteur américain Tom Hanks.

La démarche d’Erik Larson est celle d’un historien méticuleux et consciencieux, celle d’un homme qui passe un long moment à éplucher les ouvrages de référence et à rechercher des documents jusqu’ici inconnus ou inexploités, dormant le plus souvent dans les fonds des plus grandes bibliothèques du monde. Pour son dernier opus, il a puisé une grande partie de sa matière première dans les carnets de l’ambassadeur Dodd publiés sous le titre de « Ambassador Dodd ‘s Diary » par ses enfants Martha et Bill ainsi que les mémoires de Martha publiées sous le titre de « Through Embassy Eyes » complétées de divers documents personnels, dont des lettres d’amour superbes, de cette dernière qu’elle a léguées à sa mort.

Des témoins de premier ordre puisqu’il s’agit de rendre compte de la période allant de Juillet 1933 à Décembre 1937 durant laquelle William E. Dodd fut chargé par le Président Roosevelt d’être l’Ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Allemagne. Pourtant rien ne prédestinait Dodd à occuper cette charge. C’est parce que tous ceux auxquels elle fut proposée refusèrent que cet historien qui ne rêvait que d’une chose, terminer sa grande histoire du Sud des Etats-Unis dont il était originaire, finit par accepter avec comme instruction de Roosevelt de rester dans une stricte neutralité vis-à-vis de la question juive qui commençait à devenir pressante dans une Allemagne en voie rapide de nazification, et de convaincre l’Allemagne de respecter ses engagements de remboursement de la dette de guerre contractée auprès des Etats-Unis.

Pendant plus de quatre années, Larson nous donne à voir la vie presque quotidienne de la famille Dodd. Une vie à la fois ordinaire et extraordinaire. Ordinaire parce que Dodd l’était dans une grande mesure. Homme de petite extraction, il était obnubilé par le souci de dépenser le moins possible ce qui lui valut des inimitiés de plus en plus manifestes de tout le corps diplomatique américain habitué à vivre sur un grand pied.  Extraordinaire car, lui qui avait connu l’Allemagne civilisée du début du siècle, découvrait une Allemagne envoûtée, de plus en plus brutale et préparant de façon absolument manifeste, malgré les proclamations contraires de son leader Adolf Hitler, une guerre destinée à lui redonner son espace vital et à faire triompher des idéaux racistes.

Extraordinaire aussi parce que Martha fut un véritable personnage romanesque. Elle collectionna les aventures amoureuses et puisa ses nombreux amants dans l’intelligentsia américaine, française mais aussi parmi les notables fascistes tels que Rudolf Dies, le chef de la Gestapo, ou le chef de la propagande nazie. Elle fut également la maîtresse enflammée de Boris Winogradov, un secrétaire de l’ambassade soviétique mais aussi un espion russe à Berlin. D’abord enthousiaste et convaincue par la révolution nationale-socialiste allemande, elle finit par s’en détourner à force d’assister à des scènes de plus en plus brutales pour devenir ensuite une espionne à la solde du régime communiste.

C’est un monde en pleine ébullition et se préparant à sa perte que nous donne à voir et à réfléchir, avec brio et intelligence, Larson. Un monde bloqué par l’Amérique soucieuse d’une seule chose, être remboursée, fermant les yeux trop longtemps sur les outrances inacceptables d’une Allemagne qui bascule dans la terreur ; une Amérique aussi préoccupée d’isolationnisme et voulant éviter d’entrer dans un conflit que son Ambassadeur comme son Consul ne manquaient de dépeindre comme pourtant inévitable.

Un monde mité par un anti-sémitisme plus ou moins latent qui permit de fermer les yeux sur une répression pourtant de plus en plus systématique de tous les Juifs allemands jusqu’aux déclarations explicites de Göring proclamant la volonté du régime d’éradiquer la planète de tout ce qu’elle comptait d’impurs.
Un monde incapable d’unir ses forces pendant qu’il était encore temps de bloquer l’irrésistible ascension d’un fou malade et de sa clique alors que tous les caciques s’entredéchiraient allègrement pour s’arroger le plus de pouvoir personnel. Une incapacité frappée d’égoïsme, celui de protéger de fallacieux intérêts court-termistes aux dépens de la protection d’un monde libre.

Bref, une leçon d’Histoire universelle pour nous rappeler les dangers qui nous guettent à nouveau face à la montée quasi fanatique de l’Islam autour de nous, dévoyé par un petit nombre pour ses intérêts propres, ou bien encore face à un Iran qui s’arme nucléairement en prétendant honteusement le contraire ce qui est une simple farce aussi dangereuse que malsaine. N’oublions jamais que l’histoire ne se répète pas, elle balbutie…

Publié aux Editions du Cherche-Midi – 2012 – 646 pages

28.12.12

Cette vie – Karel Schoeman



Publié en 1993 en Afrique du Sud, ce roman vient de faire l’objet d’une traduction magistrale et d’une publication aux Editions Phébus (2009). Karel Schoeman est un des plus grands écrivains vivants de son pays, blanc et solidaire du combats des Noirs d’Afrique du Sud. Son roman le plus connu est sans doute « La saison des adieux ».

Avec « Cette vie », c’est à la fois un roman intimiste et un témoignage historique qui nous est livré. L’auteur se glisse dans la peau d’une vieille femme, allongée sur son lit de mort. Dans les derniers moments encore lucides de son agonie, elle passe en revue sa vie. Une vie faite de solitude, de difficultés, de bouleversements et de conflits familiaux. Une vie qui aura scandé la fin du XIXe siècle, connu le développement rapide d’un pays essentiellement agricole, vu l’arrivée des mines de diamant et la guerre des Boers.

Parce que cette femme, intelligente mais silencieuse, est discrète au point d’en paraître invisible, toute sa vie elle aura assisté à des scènes, à des discussions ou, le plus souvent entendu quelques morceaux de phrases qui, peu à peu et enfin soudainement au moment de mourir, vont enfin prendre tout leur sens et éclairé une succession d’évènements jusque là demeurés incompréhensibles ou impossibles à accepter.
Isolée dans une ferme perdue dans le veld, dépendante d’une famille pauvre et blanche, soumise à une mère avaricieuse et revêche qui impose ses vues à un père silencieux, elle aura en charge très tôt l’éducation d’un jeune enfant, fruit d’un mariage hasardeux entre l’un de ses frères colériques et jaloux et une belle-sœur lumineuse et délurée. Parce que cette belle-sœur fut aimée de son autre plus jeune frère, joyeux et beau danseur, sans doute enlevée par ce dernier et que le mari disparut dans un accident tragique dont la responsabilité pourrait bien incomber au cadet, elle se retrouva à élever un enfant promis à hériter d’une ferme qui ne cesse de s’étendre.

Gagner de la terre se joue souvent à coups de fusil, en spoliant les plus pauvres des blancs, en les chassant sans ménagement. Accroître le bétail, repousser les limites du domaine reposent sur l’exploitation de domestiques noirs ou blancs qui bien qu’affranchis, vivent couchés sur le sol en terre battue au pied du lit des maîtres, ou au mieux dans de vagues cahutes en proie au dur climat fait d’un été brûlant et d’un hiver où il gèle à pierres fendre.

Nous allons suivre les transhumances hivernales en charriots le long de cols vaguement sillonnés de chemins hasardeux et assister aux mariages, aux décès, aux multiples misères qui ponctuent cette vie dure, essentielle, sans joie et faite de labeur et de peines. Nous allons descendre dans l’intimité d’une famille typique de ces paysans du veld, mangeant tout juste à leur faim, reclus dans une religion protestante qui ne laisse aucune place aux sentiments et pour lesquels la survie assurée à ceux dont ils dépendent donne tous les droits ou presque.

Avec l’enrichissement progressif de la famille et du pays, le pouvoir s’accroîtra et finira par bénéficier à cet enfant élevé par sa tante. Il deviendra député, poussé par une femme ambitieuse, hautaine et qui n’a aucun scrupule à exploiter cette vieille femme qui dépend d’elle.

Sans lyrisme mais grâce à une écriture limpide, essentielle, juste, K. Schoeman nous prend aux tripes et nous fait découvrir la vie démente, presque sauvage, de ces pionniers qui ont fondé le pays et dessiné les lignes d’un pouvoir longtemps laissé aux mains des seuls blancs. Le roman est vibrant mais glace d’effroi face aux épreuves endurées et à l’absence de toute lumière. Seule la mort peut délivrer de cette vie là.

Publié aux Editions Phébus – 265 pages

24.12.12

Petite table, sois mise – Anne Serre



Derrière ce titre énigmatique, tiré d’un conte de Grimm, se dissimule un livre qui l’est tout autant et qui marque une rupture dans l’œuvre de son auteur. Anne Serre est une sorte de passionaria de la littérature. Pour cette dernière, elle a renoncé à tout jamais à avoir des enfants ou même un conjoint. Il lui faut vivre dans le silence, dans le repli de soi pour accoucher de lignes savamment pesées et qui disent toujours un peu de soi, l’écrivain étant narcissique par essence. Dans son dernier petit opuscule d’à peine cinquante pages, Anne Serre nous délivre une surprise sous la forme d’un livre choc, une sorte de conte érotique d’autant plus troublant qu’il laissera le lecteur sans réponses aux questions qu’il ne manquera pas de se poser.

Dès la première phrase, le ton est donné : « La première fois que j’ai vu mon père habillé en fille, j’avais sept ans ». C’est désormais une narratrice adulte qui parle, ou plutôt écrit et l’on comprend assez vite qu’il va s’agir pour elle de donner le récit d’une vie, sans jugement à l’image de l’enfance vécue, sans morale.

Un livre qui pose la question de la normalité. Qu’est-ce-que la normalité pour un enfant si ce n’est ce qu’il vit dans sa cellule familiale, lieu sacré où les codes de la vie sociale, les règles du jeu, les tabous et les interdits sont définis, une fois pour toutes ? Comment y survivre, devenir alors un être adulte plus tard responsable, normal quand enfant on a vécu dans une famille de barges ?

« Sous le disque luisant de la table » du salon, formule incantatoire qui reviendra sans cesse dans ce récit hallucinant, figure stylistique et symbolique d’un monde luisant de bacchanales orgiaques et lieu sur lequel le stupre se consacre, les parents entraînent leurs deux filles vers un univers d’une perversité redoutable.

La mère vit nue la plupart du temps. Une belle femme nordique, blonde et aux seins plantureux, toujours en quête quasi bestiale de plaisir. Un plaisir satisfait sous les yeux des enfants, priées elles aussi de participer activement, par un médecin de famille complaisant pendant que le mari et père s’enferme avec un agent d’assurances pour satisfaire d’autres phantasmes. Ensuite, très vite, dès les filles suffisamment formées, elles sauront tout des multiples usages du corps pour la satisfaction des parents comme de leurs alliés dans la perversité.

Et puis, sans explication, un départ du domicile à quinze ans et le début d’une nouvelle vie faite d’abstinence. Une vie coupée des parents qui bientôt décèderont. Un monde où les sentiments semblent avoir à jamais disparu comme si la plaie béante de l’enfance, enfouie sous l’apparence d’une normalité familiale, avait fini par suppurer puis se refermer sous condition que jamais un effleurement ne vienne la rouvrir. Il faudra le miracle d’une nouvelle rencontre, tardive, pour envisager la reconstruction.

Dans ce qui ressemble à une traduction personnelle de l’affaire d’Outreau, Anne Serre surprend son lecteur par la distanciation qu’elle met dans un récit qui jamais ne sera ni grivois ni vulgaire. Il s’agit encore une fois de simplement dire, non de juger. Et surtout, de guérir en écrivant comme elle-même se guérit d’une vie de privations par l’écriture, à commencer par la privation d’une mère disparue alors qu’elle avait dix ans, traumatisme qui lui fera dire qu’elle aura commencé à vivre à l’âge de dix ans. Une confession à méditer à l’aune d’un récit aussi court que dérangeant.

Publié aux Editions Verdier – 2012 – 60 pages

21.12.12

Rue des voleurs – Mathias Enard


 

Mathias Enard est un formidable conteur. Il nous l’avait prouvé avec « Zone » cette confession d’un soldat de cinq cents pages écrites d’une seule phrase. Plus encore avec « Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants » (Prix Goncourt des lycéens 2010), formidable récit d’un épisode, sans doute imaginaire, de la vie de Michel-Ange convoqué à Constantinople pour y construire un pont. Voilà qu’il frappe encore très fort avec ce formidable « Rue des voleurs », une extraordinaire mise en lumière romancée d’un monde moderne à bout de souffle, une analyse lucide et sans concessions des contradictions et des dangers qui menacent de faire imploser nos sociétés en proie au doute.
La question qui me paraît être centrale dans ce roman est celle de la confiscation. Parce qu’il a osé coucher avec sa cousine et qu’ils se sont fait surprendre par son père, le jeune Lakhdar se retrouve à la rue dans sa ville de Tanger. Nourri de romans policiers français qui lui ont permis d’en maîtriser la langue, le voici devenu la proie potentielle de tout ce que le monde comprend de tordus, de pervers ou de dangereux individus. Il ne rêve que d’une chose : l’Europe et plus précisément l’Espagne quasiment à la porte de cette Afrique maghrébine comme la promesse d’un avenir plus radieux. Chacune de ses tentatives sera vouée à l’échec malgré les manifestations du hasard ou du destin qui laisseront croire, à tort, à une nouvelle étape prometteuse.
Campant son roman dans la pleine actualité de notre monde, Mathias Enard se livre à un tour de force littéraire pour mettre en perspective les profondes secousses telluriennes qui agitent puis fracturent nos sociétés.

D’un côté, le printemps arabe et le mirage d’une démocratie bientôt confisquée par les barbus qui n’auront d’autre objectif que d’ériger un monde conservateur, rétrograde, confisquant le pouvoir sous le prétexte fallacieux d’un Dieu multipliant les interdits et la haine en agitant la promesse d’un paradis à venir. Confiscation donc d’une révolution faite par les jeunes et dont ils deviendront bien vite les premières victimes au nom d’interdits religieux qui se multiplient. Confiscation d’une religion dévoyée de son sens premier.

De l’autre, une Europe qui s’enfonce dans la crise dont la façade la plus au Sud, l’Espagne, se convulse dans une crise qui jette dans les rues jeunes et vieux, fabrique un chômage qui explose, produit une génération de pauvres et d’exclus qui n’ont d’autre choix que la survie dans la paupérisation ou dans l’émigration sans garantie. Confiscation du miracle économique, confiscation du travail, confiscation de tout avenir donc. Confiscation de perspectives lorsque Lakhtar finira par toucher Barcelone pour échouer très vite dans cette « Rue des voleurs » qui existe et qui regroupe la lèpre de la ville, vivant de combines, de rapines et d’illégalités.
Confiscation de la mort, lorsque Lakhtar devra se faire croque-mort malgré lui, enfermé dans un gourbi par un patron obnubilé par les vidéos de morts atroces glanées sur internet. L’entreprise vit de la collecte de ces fuyards noyés pour avoir fait confiance à des passeurs sans scrupules. Ils sont parfois méconnaissables, souvent anonymes, mis en bière sans être pleurés, devenant un simple amas de viande permettant de faire du profit. Cadavres confisqués à la vie, à l’espoir, à leurs familles et proches.

Confiscation de l’amour parce qu’il est Marocain, sans papier, sans travail, résidant en toute illégalité et qu’elle est Espagnol puis tombera gravement malade. Ils s’aimèrent à Tanger. Ils crurent se retrouver lorsqu’il se fit mousse sur un paquebot de ligne avant que de devenir prisonnier d’un navire consigné à quai sans perspectives. Navire confisqué, lui aussi.

Confiscation de toute liberté pour ce jeune homme naïf, toujours prêt à faire confiance, à croire que demain sera meilleur alors que c’est l’abîme de plus en plus profond qui l’attend.
Confiscation des vies lorsqu’il devient malgré lui, en le comprenant trop tard, membre d’un réseau islamiste dormant dont l’implication dans des attentats sanglants au Maghreb ou en Europe, histoire d’accélérer le basculement dans la folie religieuse semble de plus en plus probable. Le dénouement incroyable et sublime du roman en est l’apothéose, le symbole extrême qu’il n’y aura bientôt plus d’autre issue que dans le déchaînement furieux et cathartique de violence.

Seule la littérature offre un peu d’espoir ; celui de s’évader d’un monde insupportable, celui d’apprendre, celui aussi de dénoncer l’intolérable, de dresser une ultime et bien modeste barricade face au déferlement de fin d’un monde que nous dépeint de manière réaliste Mathias Enard. Lui qui est professeur d’arabe classique et qui vit à Barcelone, après avoir habité le monde arabe pendant longtemps, sait bien de quoi il parle. Puissions-nous l’entendre dans ce roman magnifiquement écrit et superbement construit. Eblouissant !

Publié aux Editions Actes Sud – 2012 – 256 pages

19.12.12

Garden of love – Marcus Malte



Un jardin d’amour, image idyllique d’un paradis de fleurs, de verdure et de petits oiseaux célébrant la passion et l’élévation des cœurs. Stop, arrêtez tout ! Vous faites fausse route. Le jardin dans lequel nous entraine Marcus Malte n’a rien de paradisiaque. Il est au contraire semé de fleurs mortellement vénéneuses, de plantes urticantes qui laisseront des pustules honteux, de mauvaises herbes qui sèment la vengeance, la mort et la terreur au gré de leur colère.

Bref, c’est dans un roman policier noir que se situe l’intrigue assez alambiquée imaginée par son auteur. Un thriller typique de la tendance actuelle avec, comme personnage central, un flic à bout de souffle. Un mec tellement usé par l’alcool, la fréquentation dangereuse de truands qui ont su gagner sa protection au prix de son honnêteté qu’il ne travaille plus au commissariat depuis belle lurette et est payé à ne rien faire comme ultime récompense d’une carrière où il en a serré plus d’un. Le portrait robot, ou presque, de bien des romans du genre.

Désormais rangé et bon père de famille, l’enfer va se rouvrir sous ses pieds le jour où il recevra un manuscrit anonyme intitulé « Garden of love ». Un récit d’une rare violence où sa propre vie, ses propres errances lui seront racontées. Un récit dérangeant et qui va le mener tout droit vers celui qu’il traqua toute sa vie, un ange noir de la terreur, un virtuose de la machination et du meurtre irrésolu qui lui laisse un embarrassant manuscrit en forme de testament.

Comme nous finirons laborieusement par le comprendre, le roman alterne entre des extraits de ce manuscrit et la vie réelle de certains des personnages dont des doubles théoriques auxquels d’autres prénoms ont été donnés sont mis en scène dans le document qu’il s’agit d’interpréter. Des doubles qui revivent une combinaison complexe de séquences réelles et d’autres imaginées par l’esprit démoniaque et schizophrénique de leur auteur.

Ces mélanges incessants font la force et la faiblesse du roman. Sa force en ce sens qu’ils entrainent le lecteur dans un tourbillon où la perte de repères, l’odeur nauséabonde des bas-fonds de la société, l’omniprésence d’une tension sexuelle quasi pornographique (avec un premier chapitre à couper le souffle d’ailleurs) font que l’on se laisse emmener et qu’on ne peut plus décrocher d’un livre dont on veut vraiment comprendre la logique et la fin. Sa faiblesse aussi, car souvent on ne comprend plus rien, on ne sait pas qui est qui, on ignore si l’on se trouve dans une section du manuscrit cité ou dans le roman lui-même ce qui nécessite un véritable effort de la part du lecteur pour ne pas décrocher.
Marcus Malte tient malgré tout cela avec une assez grande maîtrise grâce à une langue acérée comme le fil du couteau qui servira à égorger les victimes, une capacité à dire l’essentiel en peu de mots qui claquent comme la hampe sur le mât au vent déchainé. Il est cependant dommage que la fin soit un peu trop convenue et que le rythme, du coup, s’effondre dans le dernier quart du roman.

Bref beaucoup de bonnes choses mais trop d’imperfections pour en faire un roman véritablement exceptionnel. C’est simplement un bon roman policier qui vous tiendra en haleine pendant quatre heures ce qui n’est déjà pas mal.

Publié aux Editions Zulma – 2007 – 318 pages

Merci à Marie-Noëlle Rolland de la librairie Lirenval de St Rémy les Chevreuses d’avoir mis cet exemplaire à notre disposition dans le cadre de la sélection du Prix Michel Tournier.

17.12.12

Plan de table - Maggie Shipstead



« Plan de table » est un des livres à la fois les plus réjouissants et les plus subtils qu’il m’ait été donné de livre en cette année 2012. Réjouissant, car on y rit beaucoup des situations ubuesques ou gentiment ridicules dans lesquelles les personnages imaginées par cette jeune femme de vingt-cinq ans qui signe ici son premier roman de manière magistrale y sont drôles et décalées. Subtil, car Maggie Shipstead a su y rendre à merveille les us et coutumes, les archétypes de pensées et de comportements de ces familles WASP de la classe supérieure américaine de la côte Est.

Il faut dire que l’auteur a eu un matériau de premier choix. Provenant d’un milieu modeste, élevée en Californie, elle entre à Harvard, antre jalousement conservateur des traditions des grandes familles aisées de cette côte Est. Elle a eu tout le loisir d’y observer les codes en vigueur, depuis les tenues vestimentaires, jusqu’aux travers de langage et l’importance des clubs où l’on n’entre qu’après avoir été adoubé par ses pairs qui n’ont d’autres préoccupations que d’y rassembler les élites bien-pensantes capables, bientôt, de prendre le relais et de perpétuer des traditions ancestrales.

Et c’est bien tout cela que l’on retrouve dans son roman. Un roman où deux règles d’or, l’unité de temps et de lieu, forment le socle d’un récit rondement mené. Unité de temps car toute l’action est condensée sur deux jours ce qui laisse le temps d’analyser en profondeur les moindres pensées, les moindres changements d’humeur d’une galerie de personnages hauts en couleur. Unité de lieu, car tout se passe sur une île du Connecticut sur laquelle doit se dérouler le mariage d’une des filles de Winn, personnage central du livre.

Winn est l’archétype du WASP. Fils d’une famille aisée, il entra dans la même université que son père, fréquenta les mêmes clubs et, après avoir mené une vie de bâton de chaise pendant quelques années, se rangea en épousant une jeune femme de sa classe sociale rencontrée le jour de l’enterrement de son père. Winn est obnubilé par le prestige conféré par l’appartenance aux clubs et ne pense qu’à une chose : rejoindre le club de golf de l’île pour lequel il est en liste d’attente depuis trois ans.  A part cela, il vit une vie coincée, contrôlant sans cesse ses sentiments et ses actes comme il cherche à contrôler sa famille.

Tout cela va exploser en vol pendant les deux jours précédant la cérémonie de mariage de sa fille. C’est une véritable conjuration du sort et des évènements qui semble s’être mise en place pour faire de ce mariage un cauchemar. La façon dont l’auteur introduit la cocasserie mêlée à la turpitude, la sottise, la quête sexuelle latente ou carrément explicite est absolument remarquable et crée une tension dramatique que l’humour permet de rendre totalement supportable.

Une fois entré dans le livre, on ne peut plus en sortir. C’est un microcosme qui révèle sa perversité, ses faux-semblants, son hypocrisie, bref ce qui fait l’essence du penser bien, du politiquement correct américain. On y rit beaucoup et ne s’y ennuie pas une seconde. Bref, les caractéristiques d’un très bon livre.

Publié aux Editions Belfond – 2012 – 417 pages

14.12.12

Le lieu perdu – Norma Huidobro



L’occasion n’est pas si fréquente que cela de découvrir la littérature argentine. Voici que le premier roman d’une jeune femme « Le lieu perdu » permet de combler une relative lacune.

Ce livre, publié en 2007, connut un succès d’estime et fut bien accueilli par certains des grands noms de la littérature contemporaine sud-américaine. Pourtant, nous sommes, pour notre part, restés un peu sur notre faim. En effet, malgré un thème original dont nous  allons donner la trame ci-après, il nous a semblé qu’il manquait un souffle dans l’écriture  qui aurait pu transformer ce premier essai que l’on remarque cependant, en une transformation hallucinatoire.

« Le lieu perdu » c’est un village perdu au Nord de l’Argentine, que personne ne fréquente et où vivent, abrutis et écrasés de chaleur, de pauvres hères. Sous un soleil de plomb et sans un souffle d’air, en plein désert et entouré de montagnes pelées, une population s’efforce de subsister à coup de petits boulots. C’est là qu’un lieutenant de police de la capitale est envoyé, à son corps défendant, pour mener une enquête sur une étrange disparition.

Une jeune femme originaire de ce village et émigrée à Buenos Aires où elle a trouvé un travail d’assistante a en effet brutalement disparu sans laisser de traces. C’est, semble-t-il, pour comprendre l’origine et la nature de la disparition qu’un inquiétant lieutenant, sombre et solitaire, est envoyé sur place.

Très vite, l’officier de police va identifier l’amie d’enfance avec laquelle la disparue n’a cessé de correspondre. C’est une jeune femme altière qui tient l’un des deux bar-restaurants du village. Visiblement, elle en sait beaucoup plus que le peu qu’elle accepte de révéler à l’officier auquel elle refuse obstinément de transmettre sa correspondance privée.

A partir de là, dans l’espace de la semaine qui la sépare de son anniversaire qui lui vaudra, dit-elle, d’inévitablement recevoir une lettre de son amie ce qui prouvera qu’elle n’est pas morte et devrait la débarrasser de l’encombrant policier, se met en place un jeu de chat et de souris entre les deux protagonistes. Plus les jours passent, plus la tension monte, plus le harcèlement du policier se fait pressant en particulier auprès de l’entourage de la tenancière du bar.

Pour éviter l’ennui que l’inactivité engendre, l’officier erre dans les rues du village et ne cesse de frotter ses seules superbes chaussures sur les jambes de son pantalon pour en ôter la poussière. Un toc compulsif dont la fréquence augmente au fur et à mesure que ses souvenirs personnels refoulés remontent. Un toc pour chasser la saleté de la varie vie de cet homme que nous allons découvrir.

L’auteur saura conduire brillamment une intrigue à la conclusion cependant relativement prédictible car il est impossible de maintenir l’intensité dramatique du récit sans révéler des informations de plus en plus capitales qui nous font découvrir qui l’officier est réellement et quelle est sa véritable mission. Une intensité croissante est joliment orchestrée qui va conduire les protagonistes à une conclusion nécessairement dramatique et silencieuse dont personne ne saura jamais rien dans ce lieu perdu et oublié de tous.

Il en résulte une intéressante curiosité que nous ne classerons pas pour autant au rang des indispensables.

Publié aux Editions Liona Levi – 219 pages

7.12.12

La ballade de l’impossible – Haruki Murakami



Publié en 1987 au Japon, traduit et édité en 2007 chez Belfond, « La ballade de l’impossible » est une œuvre majeure de Murakami. Rappelons que Murakami est l’un des auteurs majeurs contemporains japonais dont le titre le plus connu est certainement « Après le tremblement de terre ». Vous trouverez sur Cetalir un post sur «  Le passage de la nuit », livre étrange et fascinant, parfaitement révélateur du style de l’auteur.

« La ballade de l’impossible » se caractérise par sa lenteur et la condensation du temps. Ramassé sur une période de quelques mois (un peu plus qu’une année), il donne l’occasion à l’auteur d’analyser en profondeur l’âme d’un jeune homme, étudiant en lettres classiques européennes, Watanabe, qui va se délivrer d’une période douloureuse de sa vie en se narrant à la première personne.

C’est sur cette courte période que Watanabe va se construire en tant qu’adulte et appréhender les multiples façons dont les rapports entre un homme et une femme peuvent être régis. Watanabe fut marqué par le suicide inattendu de son ami Kizuki lorsqu’il avait dix-sept ans. Avec Naoko, la fiancée de Kizuki, il formait un étrange trio dont il constituait le ciment silencieux.

Trois ans plus tard, et c’est ainsi que commence le roman, Watanabe tombe sur Naoko dans un train et celle-ci l’entraîne dans une ballade, bientôt suivie d’autres, dans les rues de Tokyo. Peu à peu, Watanabe va tomber amoureux de Naoko dont il va découvrir la terrible fragilité et les secrets. C’est une jeune femme profondément déséquilibrée, marquée par le double suicide de Kizuki et de sa propre sœur qu’elle a toujours caché.

Tourmenté par ses désirs, Watanabe se laisse entrainer par un entreprenant camarade d’université qui brûle ses nuits tokyoïtes en consommant les jeunes filles faciles, par jeu, par dérision et en offrant régulièrement à Watanabe une victime consentante pour des séances de baise sans amour.
Mais Watanabe fera la rencontre de Minori, une étudiante qui comme lui suit les cours de théâtre grec à l’université. Une jeune femme attirante, sensuelle et provocante, fiancée à un jeune homme brutal et rustre dont elle s’éloignera au fur et à mesure que son amour pour Watanabe grandit.

Pris entre ces diverses femmes, amoureux loyal d’une Naoko impossible à atteindre car murée dans ses angoisses au point d’en être internée loin de Tokyo, Watanabe va devoir trouver son chemin entre des amours impossibles à concilier, entre des vies qui toutes, l’amènent sur des trajectoires différentes et incompatibles.

La ballade de l’impossible, c’est celle qui oblige à choisir une orientation à sa vie, tiraillé entre un amour idéal et les sollicitations incessantes que la beauté ténébreuse et le langage poétique génèrent envers Watanabe de la part des femmes qu’il rencontre. La ballade de l’impossible, c’est celle de devoir choisir entre un amour rêvé mais qui plonge dans la folie, et celui, plus fulgurant et passionné, qui peu à peu se construit en trouvant l’étroit et improbable chemin qui ne blesse ni l’une ni l’autre.

Aucune des relations de couple mises en scène dans ce roman n’est normale. Elles illustrent toute une impossibilité structurelle qui, toujours, repose sur le fait que le désir ou l’attente de l’un est décalé par rapport à celui de l’autre. D’où des situations terriblement douloureuses et ce, d’autant qu’aucun des protagonistes ne semble capable de tirer des conclusions constructives. D’où des situations tragiques qui s’enchaînent et qui éliminent systématiquement les plus faibles psychologiquement parlant. C’est l’impossible de vivre quand la douleur devient trop grande.

Il en résulte un roman fulgurant, poétique et sensuel, une longue complainte nostalgique et tragique qui vous plonge rapidement dans une ambiance lourde, un peu angoissante, à laquelle on fait face grâce au recours à l’humour et à la dérision que manie l’auteur à la perfection. Un livre assez magique et grandiose.

Publié aux Editions Belfond – 390 pages

5.12.12

Pour seul cortège – Laurent Gaudé



A partir d’un fait historique, Laurent Gaudé élabore un subtil roman au souffle épique et à l’écriture volontairement hallucinée qui emporte son lecteur pour ne plus le lâcher.

Voici qu’Alexandre, homme impétueux qui, à force de brutalité, de stratégie et de tromperie s’est emparé d’une grande partie de l’actuel monde occidental, est brutalement foudroyé lors d’un banquet. Celui qui fut l’un des maîtres du monde entame  une lente agonie pendant que ses généraux commencent à se partager son empire. Sa mort sera l’objet de la mise en place d’un cortège funèbre grandiose où soixante-deux mules et deux cent onze pleureuses issues de toutes les régions de l’immense empire auront pour mission de ramener le corps à sa mère, traversant tout le territoire impérial.

Pendant ce temps, l’ambassadeur envoyé par Alexandre en Inde, objet des fantasmes de conquête de l’infatigable guerrier qu’il n’a jamais pu satisfaire de son vivant, se fera décapiter et son dernier souffle renvoyé à l’Empereur, accompagné de la tête pour lui notifier que le Maître de l’Inde l’attend sans le craindre.

C’est la question essentielle de l’héritage que nous pose Laurent Gaudé dans ce qui est l’un de ses plus beaux et plus subtils romans. Pendant que les hommes s’entredéchirent pour s’arracher des morceaux d’empire et que l’on massacre pour s’emparer de la dépouille mortuaire d’Alexandre, Gaudé met en œuvre un artifice littéraire saisissant. C’est l’âme de l’ambassadeur fidèle qui va guider les quelques acteurs élus pour conduire Alexandre vers la dernière demeure qu’il se sera choisie et qui n’est pas celle voulue par les hommes pour de pures raisons et visées politiques.

Une âme qui va s’adresser de façon volontairement improbable à Dryptéis, la fille de l’ennemi d’Alexandre, Darius, qu’il a tué, et dont il fait l’épouse de son meilleur ami Héphaïstion, mort au combat depuis. Au-delà de la mort, Alexandre va indirectement s’adresser à celle qui s’est retirée du monde, fatiguée des intrigues de cour, épuisée d’être devenue l’enjeu de luttes politiques qui sèment la mort tout autour d’elle pour l’impliquer à nouveau, malgré elle, dans un enjeu qui la dépasse, ultime victime de la volonté de fer d’un homme qui a soumis le monde. Avec insistance et subtilité, il va l’amener à organiser ce qui fut son rêve de toujours : le faire cheminer vers l’Est, vers l’Inde qu’il fut incapable de conquérir et qui le fascina sans relâche.

Une fois le corps subtilisé avec la complicité de Ptolémée, son fidèle général et celui qui fut le plus prompt à agir pour s’accaparer l’empire, vaincu lui aussi par la volonté de celui à qui il consacra sa vie et ses troupes, une nouvelle chevauchée pourra commencer. Elle emmènera le dernier carré de fidèles,, ceux qui ont protégé Alexandre de son vivant, le dernier cortège, vers ces contrées inconnues et magiques où ils termineront leurs vies en héros en même temps qu’ils libéreront l’esprit d’Alexandre.
Se frottant à un mythe, Laurent Gaudé affronte sans sourciller l’une des pages obscures de l’Histoire. Comme souvent dans son œuvre, c’est la mort qui sert de fil conducteur, une mort omniprésente dans la vie de ces militaires tuant et ayant tué sans compter, une mort qui se donne sans état d’âme pour raisons politiques, une mort qui frappe ambassadeurs comme petites gens, une mort que l’on se donne pour échapper à l’infamie ou à l’Histoire. Une mort qui continue de manipuler les vivants autant qu’ils la manipulent.

Gaudé nous emmène très loin, aux confins du réel et du magique, de l’onirique et du fantastique dans un roman brûlant, haletant et simplement magnifique.

Publié aux Editions Actes Sud – 2012 – 186 pages

3.12.12

Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus – Eric-Emmanuel Schmitt



Poursuivant son « Cycle de l’invisible » en y ajoutant un sixième opus, le philosophe Eric-Emmanuel Schmitt nous livre ici une réflexion toujours aussi originale et inattendue sur les limites de la vérité.

Empruntant avec intelligence au maximes de Confucius qui émaillent les propos aimablement affabulatoires de Madame Ming, la gentille dame pipi de l’hôtel international dans lequel séjourne pour affaires un homme d’affaires jeune et polyglotte, l’auteur s’attache à nous montrer que les limites de la vérité objective sont nécessairement floues et que parfois, voire souvent, il est préférable de croire à ce qui s’impose à nous plutôt que de vivre dans l’incertitude.

Comme nous l’indique le romancier philosophe à peine entre les lignes, cela vaut tant pour sa vie personnelle que pour la vie publique, l’histoire officielle n’étant après tout qu’un habillage que l’on sait mensonger de faits que l’on se résigne à ignorer, par prudence ou par commodité.

Comme toujours chez Eric-Emmanuel Schmitt, tout cela est écrit avec une finesse, une aisance et une précision qui laissent nécessairement pantois d’admiration.

Publié aux Editions Albin Michel – 2012 -115 pages

1.12.12

Peut-être une histoire d’amour – Martin Page



C’est aux délices de la névrose dépressive que nous invite Martin Page dans ce joli roman court et amusant. Les chapitres filent à toute allure et c’est avec un grand sourire que le lecteur, satisfait d’un exercice léger et superficiel, referme l’ouvrage.

Virgile est un créatif dans une agence de pub et a l’habitude, résignée, normale, d’être largué par les femmes qu’il aime. Il vit dans un univers fait d’angoisses et de névroses où la confrontation aux autres est toujours un exercice un peu délicat et qui l’oblige à une consommation régulière d’anxiolytiques pour contenir d’incessantes bouffées dépressives.

En rentrant un soir dans son petit appartement perdu dans un immeuble laissé aux mains des péripatéticiennes du Xème arrondissement avec lesquelles il entretient une cohabitation respectueuse, il trouve un troublant message sur son répondeur. Clara lui annonce qu’elle le quitte. Le seul problème est qu’il ne sait pas qui est Clara et qu’il n’a aucun souvenir d’entretenir une relation amoureuse avec cette femme. Pire : la nouvelle se répand comme une traînée de poudre parmi ses amis.

Aussi décide-t-il de ne pas démentir tout en trouvant dans cet incident une démonstration supplémentaire qu’il souffre d’une maladie incurable. Moyennant ses trois séances hebdomadaires chez une psychiatre un peu bizarre mais qui a le mérite de lui faire assumer sa part de responsabilité dans les décisions qu’il prend et le sens qu’il donne à sa vie, aiguillonné par sa meilleure amie homosexuelle et cartomancienne, il décidé alors de partir à la recherche et à la reconquête de la mystérieuse Clara.

Une quête sous forme de catharsis et qui va lui permettre peu à peu de mieux s’assumer, d’accepter de devenir adulte, de comprendre d’où lui viennent ses peurs et ses névroses pour, enfin, vivre, tout simplement.

C’est frais, drôle, superficiel et léger !

Publié aux Editions de l’Olivier – 197 pages