9.1.13

L’éléphant s’évapore – Haruki Murakami



« L’éléphant s’évapore » est un recueil de dix-sept nouvelles, de longueurs très inégales, publiées par cet auteur majeur japonais, également enseignant à Princeton, dont nous vous avons souvent conseillé les ouvrages sur Cetalir.

Une fois de plus, Murakami nous entraîne dans son univers très personnel, fait d’un imaginaire débridé, décalé et de personnages qui peinent à trouver une place naturelle, lissée dans une société japonaise spécialement stressante et formelle.

Publiées sur une quinzaine d’années, ces nouvelles nous font découvrir des histoires étonnantes, souvent amusantes, qui, en général, ne se terminent pas bien. On sera troublé par cette rencontre avec un danseur nain qui cherche à tout prix à se réincarner dans la peau d’un ouvrier d’une fabrique d’éléphants bioniques en lui faisant miroiter l’inévitable conquête d’une énigmatique et superbe ouvrière qui vient d’arriver.

On s’interrogera sur le côté schizophrénique de ces petits personnages qui semblent sortir tout droit d’un poste de télévision dont la présence nouvelle n’est remarquée que par un époux en bute à une femme un peu castratrice.

On rêvera avec le gentil jeune homme tondeur scrupuleux et méticuleux de pelouses et sa rencontre avec une femme hommasse et qui lui imposera de visiter la chambre de sa fille absente.
On sera sans doute porté par la poésie de la nouvelle éponyme qui fait disparaître un éléphant et son gardien par une belle nuit ne laissant qu’une cage immaculée et un anneau intact, plongeant ainsi la population et les medias dans un abîme de perplexité.

Ce recueil est une des multiples façons de découvrir la richesse imaginaire de l’auteur et sa capacité à se renouveler. Il n’a cependant pas, à nos yeux, la même profondeur dramatique, la même intensité ou brutalité dérangeante que ses romans (cf « La ballade de l’impossible » ou « Le passage de la nuit » dont vous trouverez les notes de lecture sur Cetalir).

Publié aux Editions Belfond – 417 pages