17.5.13

Talk Talk – T.C. Boyle



Une fois de plus, T.C. Boyle, un des grands romanciers américains contemporains, a frappé fort. « Talk Talk » (qui signifie en Anglais le langage des sourds qui combine agitation fébrile des mains – fébrile pour les entendants du moins – avec onomatopées) est un trhiller solidement charpenté, riche en rebondissements et qui, nous sommes en Amérique, se terminera en forme de relative happy end… Le vrai danger en est, qu’une fois commencé, nous risquez de ne plus vouloir décoller du bouquin, rivé par l’intrigue et le sens du suspens que distille en maître, l’auteur.

« Talk Talk » est aussi un roman sur l’identité. Qui sommes-nous vraiment, quelles sont nos véritables aspirations, comment réagirons-nous face à un effondrement de notre quotidien rassurant ? Mais également, à l‘heure de l’internet et du redoutable accès qu’il peut permettre y compris à des données censées être confidentielles, que sommes-nous lorsque nos codes d’accès sont violés, nos comptes en banque vidés, notre passé de citoyen vertueux et respectueux soudain anéanti par la faute d’un criminel usurpateur de votre identité ?

C’est précisément ce qui arrive à Dana Halter, devenue sourde à l’âge de quatre ans suite à une maladie. Dana menait jusqu’ici une vie relativement aisée, malgré son handicap. Professeur de littérature dans une école pour sourds de Californie, portant une resplendissante trentaine, amoureuse et aimée d’un homme plus jeune qu’elle, sa vie va basculer lorsque, à l’occasion d’une banale vérification d’identité, elle va se retrouver menottée, arrêtée et emprisonnée pour des délits financiers qu’elle n’a jamais commis.

Quand sa bonne foi sera enfin reconnue, elle n’aura de cesse que de traquer celui qui lui a emprunté son nom, ses comptes, son numéro de sécurité sociale etc… en embarquant avec elle son ami, un peu malgré lui.

Commence alors une longue course poursuite qui nous fera parcourir la totalité des Etats-Unis d’Ouest en Est et au cours de laquelle la haine, la soif de vengeance, la volonté de faire définitivement établir son innocence vont se renforcer. Chaque occasion de croiser, virtuellement ou physiquement, l’usurpateur donnera l’opportunité à T.C Boyle de déployer des trésors d’inventivité pour continuer de rendre vraisemblable un scenario qui, cependant, tend à s’effilocher au fur et à mesure que les chapitres défilent. Pas au point de lasser le lecteur mais le livre perd en intensité à force de multiplier les rebondissements et de faire, un peu trop, appel au facteur chance.

L’un des atouts de ce roman est de bien analyser les ressorts psychologiques qui poussent un individu instable, violent et manipulateur à mener grand train de vie en faisant payer celles et ceux qui n’y sont pour rien. C’est probablement même la partie fondamentalement la plus aboutie du livre.

Si vous vous satisfaites d’une intrigue hollywoodienne et d’un style simple, idéal sur la plage par exemple, alors vous trouverez en « Talk talk » de quoi répondre à vos attentes.

Publié aux Editions Grasset – 440 pages