7.6.14

Expo 58 – Jonathan Coe


En Avril 1958 s’ouvrait à Bruxelles la première Exposition Universelle d’après-guerre. Une exposition censée apaiser les climats de tension sur fond de guerre froide et de rivalité de plus en plus forte entre l’Est et l’Ouest. Une exposition placée sous le signe de la modernité avec comme symbole fort l’Atomium, cette gigantesque structure en forme d’atome de plutonium qui fait désormais partie du paysage de la ville de Bruxelles.

Pour faire fonctionner cette énorme foire à tout destinée à donner la meilleure image de chacun des pays participants, il fallut une armée de personnes parmi lesquelles se glissèrent bien entendu, et d’autant plus vu le climat de l’époque, une cohorte d’espions de métier ou de circonstance.

Comme, en outre, des milliers d’hommes et de femmes se retrouvèrent consignés pendant six mois dans une sorte de parc d’attractions dont il était difficile de sortir où ils travaillaient, mangeaient et dormaient (du moins à proximité), ce fut aussi et bien entendu le lieu de nombreuses idylles spontanées ou arrangées pour des causes supérieures…

C’est tout cela que nous rappelle et décrit ici Jonathan Coe dans son dernier roman. L’ambiance à la fois de fête légèrement débridée, de suspicion constante, de fausses amitiés dissimulant de sombres objectifs y est parfaitement bien rendue. On y vit au rythme de ces hommes et femmes en proie à leurs désirs, à leurs démons mais aussi, et surtout, objets de constantes manipulations dont ils sont le plus souvent inconscients.

Coe y manie brillamment l’humour anglais fait de cet « understatement » inimitable et de situations cocasses parfaitement assumées. On y sourit souvent, voire rit de bon cœur lorsque l’on découvre un brin abasourdi les propos de ce duo d’espions officiels au service de Sa Majesté directement inspiré du binôme Dupont et Dupond de Tintin et Milou du Belge Hergé, gentil clin d’œil au pays et à la ville qui servent d’écrin au roman de l’auteur.

Pour le reste, si le roman est aimable et plaisant, il n’en est pas pour autant le meilleur de Coe, loin s’en faut. Il y manque un certain souffle, le rythme ayant tendance à retomber fréquemment. Le style en est un peu approximatif, très loin du brillant « La vie très privée de Mr Sim » par exemple. Les romances, nombreuses, y sont un peu trop appuyées au risque de faire basculer le livre vers le roman de gare parfois. C’est dommage.


Publié aux Editions Gallimard – 2014 – 328 pages