24.1.15

Vieille menteuse – Anne Fine


Il est toujours embarrassant de déterminer avec précision les raisons pour lesquelles un livre nous a laissé de marbre. Sans doute, une part de notre scepticisme sur ce roman tient-elle à une traduction laborieuse qui fait que l’on éprouve encore plus de mal à adhérer à une histoire qui peine à trouver son souffle.

Mais la principale réserve provient certainement du fond lui-même. On ne croit jamais à l’histoire proposée et chaque tentative pour nous faire rire ou sourire peine à entrainer la moindre esquisse de satisfaction, même fugace.

Nous suivrons donc avec un certain ennui les tribulations d’un frère et d’une sœur, jumeaux, et de leur insupportable mère qui sombre lentement mais sûrement dans un gâtisme que la méchanceté et l’égoïsme entretiennent vaillamment.

Pourtant, le fils ne semble vivre que pour sa mère. Employé des services d’hygiène d’une petite ville anglaise, il vit sous la coupe et la terreur de sa mère qui n’éprouve au fond que mépris pour ce fils pusillanime, sans cesse retranché dans son monde intérieur. Les femmes d’une façon générale lui font une peur bleue et c’est la raison pour laquelle il n’a jamais été capable d’entretenir une relation sérieuse et encore moins de se marier. Il se console en pratiquant fugacement l’onanisme en contemplant un dessin d’une jeune et jolie patineuse au fond de la cabane de jardin de la propriété maternelle.

Tout un chacun abuse de lui, incapable qu’il est de se défendre. Sa mère, bien sûr, qui le manipule et lui fait faire ses quatre volontés. Sa sœur jumelle, fâchée à mort avec leur mère, lesbienne qui collectionne les mésaventures amoureuses en chaine et qui se décharge entièrement sur lui, en se gaussant de son manque de caractère, pour ce qui concerne l’accompagnement quotidien de plus en plus lourd qu’engendre une mère acariâtre et peu autonome.

Finalement, le monde entier semble en vouloir à ce pauvre garçon depuis sa plus tendre enfance. Il faut dire qu’étant incapable de gérer le moindre conflit, ne sachant pas prendre la moindre décision d’importance, il a le chic pour s’enfermer dans des situations impossibles, devenant l’esclave ou l’ennemi des autres.

Tout juste a-t-il su gagner l’amour d’une petite fille que sa sœur a sauvé de façon rocambolesque d’un accident de la circulation et qu’il chérit au-delà du raisonnable. Pourtant, il sera là aussi incapable de voir la solitude de la mère de l’enfant parce qu’il est tout simplement incapable de vraiment s’intéresser aux autres.

A force de vouloir empêcher sa mère de changer de police d’assurance pour la maison qu’elle occupe au motif de vouloir grappiller quelques sous, il va finir par découvrir les cachoteries et duperies de sa génitrice et se libérer de la terreur qu’elle exerce sur lui.

A la suite d’une série improbable d’évènements auquel on n’adhérera pas une seconde, le roman s’achève en nous laissant croire que le personnage falot central saura devenir un homme autonome et responsable.

Une conclusion aussi improbable que le poussif scenario qui la sous-tend…


Publié aux Editions de l’Olivier – 2001 – 316 pages