14.5.16

La garçonnière – Hélène Grémillon


Les histoires d’amour finissent toujours mal ont chanté les Rita Mitsuko. Un thème que reprend, à sa façon, haletante et superbement menée, Hélène Grémillon dans son deuxième roman. Célibataire plus ou moins résigné à se contenter d’histoires sentimentales brèves, un psychiatre argentin Vittorio Puig reçoit une patiente, Lisandra, qui le foudroie par sa beauté et l’interpelle par son comportement, claquant la porte avant même la fin de sa première séance d’analyse. Menant son enquête sur la base de maigres indices, il la retrouve dans un club de tango. Très vite, le couple s’établit puis se marie. Et puis, le temps passe et, un soir, c’est le drame. On retrouve Lisandra défénestrée, la fenêtre de son appartement grande ouverte après qu’une violente dispute ait été entendue.

La police, convaincue de la culpabilité du mari que de nombreux témoignages et indices accablent, procède rapidement à son interpellation qui le conduit à son incarcération préventive. Vittorio n’a d’autres moyens pour assurer sa défense que de faire appel à une de ses patientes, Eva Maria, qui vient le visiter, pour qu’elle mène à son tour une enquête sur la base des informations et suggestions qu’il lui fournira.

A partir de cette trame inspirée d’un fait divers réel, Hélène Grémillon élabore un thriller plein de surprises et qui sait maintenir l’attention fébrile de ses lecteurs. Il faut dire que plane sans cesse l’ombre de la junte militaire, tout juste évincée du pouvoir et dont la plupart des membres, ex-tortionnaires et autres exécuteurs, ont fait l’objet d’un pardon et d’une réhabilitation collective. Une junte qui a arrêté un beau matin la fille d’Eva Maria, disparue depuis sans laisser de traces. Un traumatisme que la mère tente d’adoucir dans l’alcoolisme. Une junte qui semble continuer de sévir, beaucoup de ses officiers s’étant recasés dans des postes clé de l’administration.

Plus la contre-enquête avance, plus les personnages qui surgissent paraissent jouer des rôles différents de ceux qu’ils seraient censés tenir, plus le mystère et le doute s’épaississent. Dans ce brouillard se dessine peu à peu la complexité des personnalités du couple Vittorio/Lisandra ainsi qu’une réalité de plus en plus différente de la façade initialement affichée, jusqu’à l’inévitable coup de théâtre final, véritablement totalement inattendu.

Tout cela est, en outre, fort bien écrit et composé sur un canevas d’une grande sophistication. Un vrai coup de cœur !


Publié aux Editions Flammarion – 2013 – 356 pages