13.11.16

Je suis capable de tout – Frédéric Ciriez


Oui, Frédéric Ciriez est capable, au plan littéraire, de tout. Du meilleur avec  le désopilant « Des néons sous la mer » que nous avions adoré, du nettement moins bon avec son deuxième roman « Melo » voire du pire avec l’insupportable « Je suis capable de tout ». Voilà, c’est dit.

Dans ce troisième opus, l’auteur nous transporte au cœur de l’été sur une plage naturiste dans un club de vacances où il est nul besoin de prévoir pléthore de fringues par conséquent. C’est là que cuisent Julie, une quadragénaire divorcée cadre-sup, au physique très bien conservé, et sa fille Neko de dix-sept ans, plate comme une limande et mal dans sa peau d’adolescente. Toutes deux ont une passion commune : la lecture.

Tandis que Neko avale goulûment une série de mangas où un virus informatique a conduit à faire de l’amour une relation maître-esclave purement homosexuelle tout en maintenant un suspense de série B sur le sort du monde, Julie s’abreuve des maximes du dernier best-seller à la mode commis par un ex-champion olympique d’athlétisme. Une lecture qui, pour elle qui se sent dévalorisée par un divorce qui lui est tombé dessus comme une falaise sur la tête, va rapidement et par un concours de circonstances l’entraîner dans une série de prise de risques dont les conséquences seront assez dramatiques.

Sur cette intrigue assez maigre mais, convenons-en, loufoque, Frédéric Ciriez bâtit une histoire sans queue-ni-tête. On ne pourra manquer d’y voir une critique vitriolée de ces innombrables pensums commis à la chaîne où des coaches plus ou moins improvisés se gargarisent de promesses de faire de vous des humains nouveaux, sûrs d’eux et qui gagnent ; mais avec quelle lourdeur…

Fallait-il vraiment convoquer la mort dans une séquence de grand-guignol où sexe, violence et orage se combinent au sommet de la plus haute tour du monde en plein désert ? C’est d’un ridicule insondable… Etait-il nécessaire de nous montrer à nouveau la queue du diable (au sens propre comme figuré) quand il se déguise en bel amant plus qu’improbable d’une Julie ensorcelée ? Et j’en passe des séquences entières du même acabit.

La farce se nourrit de tellement d’exagérations que le lecteur, déjà extrêmement sceptique au départ, finit par se demander si on a décidé de le prendre pour un crétin. Monsieur Ciriez, ressaisissez-vous ! Il n’y a décidément plus de lumière aux néons sous la mer et l’on frise le naufrage absolu dans un livre qui devient franchement ridicule à forcer le trait au point d’en perdre le contrôle. Il est louable de vouloir dénoncer par la parodie mais, ici, seul le mauvais goût surnage…


Publié aux Editions Verticales – 2016 – 288 pages