11.1.17

Le lièvre de Vatanen – Arto Paasilinna


La littérature finlandaise contemporaine s’est peu à peu fait connaître par la capacité de ses (quelques) auteurs à commettre des romans farfelus et déjantés (ex « Petits meurtres entre amis »). Arto Paasilinna, né en 1942 en Laponie finlandaise, ne déroge pas à cette tradition avec son roman culte dans les pays nordiques, « Le lièvre de Vatanen », qui fut, par ailleurs, adapté au cinéma par Marc Rivière.

A partir d’un incident mineur, Paasilinna va laisser courir son imagination pour entraîner son personnage principal, Vatanen, dans une aventure qui va le conduire de plus en plus loin dans la Finlande profonde et l’éloigner de ce qui furent ses racines d’homme occidental.

Vatanen est journaliste dans un magazine à Helsinki. Un dimanche soir, de retour d’une excursion à la campagne pour y couvrir un sujet sans intérêt avec un collègue photographe, leur voiture va heurter un lièvre qui traversait malencontreusement la chaussée. Vatanen se met en tête de le retrouver à tout prix malgré l’obscurité. Parce que l’ambiance entre les deux hommes était déjà électrique avant l’incident et parce que Vatanen ne répond à aucune des injonctions de son collègue pour retourner à la voiture, ce dernier va reprendre la route furieusement en laissant Vatanen à son sort, en pleine cambrousse, loin de tout lieu d’habitation.

Une fois le lièvre retrouvé et soigné, Vatanen va alors entamer un long périple au cours duquel il va se délester d’une vie qui lui pesait. Rompant les ponts avec son employeur et se séparant d’une épouse acariâtre et atrabilaire, il part accompagné de son seul lièvre et de l’argent qu’il a tiré de façon rocambolesque de la vente de son bateau à un ami pour entamer un voyage plein de rebondissements au cours duquel il va se rapprocher inexorablement d’une vie en pleine nature, centrée sur l’essentiel et dans laquelle les rapports avec les congénères humains seront de plus en plus sources de soucis et de contrariété.

Nous allons suivre avec amusement les étapes drolatiques de ce personnage qui vont nous faire sillonner la Finlande profonde et nous mener au cœur d’un immense incendie de forêt l’été, au contact d’une armée désemparée et désabusée lors de grandes manœuvres hivernales bientôt troublées par une improbable chasse à l’ours, nous faire rencontrer une cohorte de personnages de plus en plus en butte avec la société et en proie à des délires éthyliques nombreux et débridés.

L’humanité n’en sort pas grandie et l’auteur se moque gentiment de ses concitoyens un peu frustres. On y passe un bon moment, l’auteur parvenant même à nous soutirer ici ou là quelques sourires. Ce n’est pas un livre inoubliable mais un livre typique pour une lecture estivale sans prise de tête.


Publié aux Editions Denoël et d’ailleurs – réédité en 2006 – 196 pages