19.2.18

La louve – Pierre-Henry Bizon



Avec ce premier roman, Pierre-Henry Bizon nous rappelle que l’imagination des escrocs de haut vol est sans limite, simplement à l’image de leur ego surdimensionné, de leur confiance en soi, tirant avantage de l’incroyable propension humaine à se laisser berner par des promesses et des propositions inespérées et donc non refusables.
On le sait, notre système agricole à base d’adjuvants chimiques à haute dose va dans le mur. Source de pollution et d’empoisonnement à grande échelle, il appelle à se ressaisir. D’où l’arrivée de plus en plus visible de jeunes agriculteurs adeptes de la permaculture, c’est-à-dire d’une culture sans produits chimiques, re-constitutives des  sols, garante in fine d’un rendement en produits sains qui n’a rien à envier à l’agriculture intensive et abrasive.
Camille Vollot est l’un de ceux-là, installé en Vendée. Idéaliste et un brin naïf, il est idéalement secondé par son épouse, la belle Victoire, qui sait aussi bien reconnaître le don que la fragilité de son mari en butte contre le monde et sa famille. A eux deux, ils exploitent La Louve, un domaine agricole dont les produits se vendent régionalement et commencent aussi à être appréciés dans la capitale. Mais, pour développer son affaire et la maintenir hors de danger, il faut à Camille trouver d’urgence de nouveaux capitaux.
Alors, lorsque l’ineffable Raoul Sarkis se présente en proposant d’écouler en flux continu toute la production de La Louve au profit du complexe de restaurants et d’hôtels de luxe qu’il projette de monter dans une ancienne manufacture de cire à deux pas des anciennes Halles de Paris, le naïf idéaliste aura tôt fait de se laisser séduire par le bagout et l’entregent d’un personnage pour lequel l’argent semble couler à flots.
Bien sûr, Sarkis n’est qu’un escroc mais de la catégorie supérieure, capable de berner politiques, banquiers, riches hommes d’affaires en montant des pyramides de Ponzi qui conduiront les crédules à nécessairement tout perdre.
Fortement inspirée du récent scandale parisien de « Jeune rue », l’histoire imaginée par l’auteur est fort bien documentée. Toutefois, la relative faiblesse du style et une écriture très journalistique en font plus un documentaire qu’un roman de qualité. Cela se laisse lire sans déplaisir (malgré de trop fréquentes ridicules scènes de sexe dont on peine à comprendre que l’éditeur n’en ait pas exigé la réécriture) mais sans laisser un souvenir impérissable….
Publié aux Editions Gallimard – 2017 – 239 pages