23.5.18

L’affaire Mayerling – Bernard Quirigny



Vivre dans une copropriété est rarement une sinécure. Entre les râleurs, ceux qui ne respectent pas les règles ou qui transforment les nuits de week-end en tapage nocturne pour ne citer que des cas courants, l’expérience peut devenir traumatisante. Pourtant, les promoteurs immobiliers sont passés maîtres pour nous faire oublier ces multiples désagréments potentiels et transformer le moindre immeuble en résidence de standing du moins sur le papier et en termes de prix.
C’est donc en toute bonne foi que de prétendants accédants à la propriété vont se porter acquéreurs d’un appartement dans la nouvelle résidence luxueuse bâtie sur les ruines encore fumantes du manoir du centre de cette ville de province. Croyant avoir décroché la timbale, ils vont  rapidement réaliser qu’ils occupent un immeuble hanté capable de transformer la vie quotidienne de chaque résident en une succession de cauchemars dantesques.
Entre les parkings trop étroits pour y accéder et s’y garer, les ascenseurs rétifs, l’insonorisation défaillante, les canalisations bouchées et les changements de personnalité ou d’humeur brusques, le Mayerling semble détenir un pouvoir magique et maléfique à l’égard de celles et ceux qui prétendent l’habiter. A tel point qu’une véritable lutte à mort va s’engager entre un cube de béton mortifère et ses occupants.
Avec cette satire, Bernard Quirigny tente de s’en prendre au monde des promoteurs immobiliers décidés à transformer toute parcelle de terrain en source de revenus d’autant plus fertile que la réalisation en aura été bâclée. Revisitant le thème de la maison hantée, il accumule les situations ubuesques et souvent drolatiques. Mais, s’il parvient bien à nous arracher ici ou là quelque sourire, il ne n’emporte toutefois pas notre adhésion. La faute à une histoire qui à force de parodie finit par tourner en gag grotesque et scenario aussi improbable que non crédible. La faute aussi à un démarrage lent et laborieux qui semble sans cesse hésiter entre critique sociale, analyse sociologique et roman grand public.
Bref, l’idée de départ était bonne, la réalisation défaillante et décevante.
Publié aux Editions Rivages – 2018 – 271 pages