12.6.19

San Perdido – David Zukerman



Quoi de mieux que le Canal du Panama et ses villes côtières pour organiser trafics en tous genres ? C’est donc dans la ville de San Perdido que nous emmène David Zukerman pour un roman où la violence est omniprésente et sert de moyen commun pour obtenir sans vergogne ce que l’on désire.
Violence faite à celles et ceux qui survivent du tri des ordures dans la décharge où ils habitent. Tout ce qui peut être mangé l’est. Tout ce qui peut se revendre trouvera preneur. C’est d’ailleurs là, sur cet amas de détritus putréfiés et puants que va surgir un jeune enfant noir, muet mais doté d’une force irrésistible et d’un regard capable de vous clouer sur place. Un être mystérieux qui va servir de fil conducteur à une histoire de plus en plus alambiquée…
Violence faite aux femmes dont les plus belles finissent soit dans la maison close de luxe réservée à l’élite locale, soit au bras d’un puissant qui en fait sa maîtresse pour plus ou moins longtemps. Violence faite aux petits qu’on exploite en les sous-payant avant que de les liquider de manière expéditive si, d’aventure, ils devenaient trop gênants.
Sur cette ville perdue règne un Gouverneur uniquement préoccupé de trois choses : préserver son pouvoir, consommer le plus de femmes possibles car son appétit quotidien est immense et amasser le plus d’argent en s’acoquinant avec tout ce que l’environnement peut attirer d’arrivistes peu scrupuleux mais prêts à partager pour avoir eux-mêmes ce qu’ils convoitent.
Alors, naturellement, des haines se forment, des jalousies prennent naissance et des manipulations en tous genres s’ourdissent pour avancer ses propres pions. Les plus faibles ou les moins chanceux tombent et seuls survivront les plus rusés ou ceux au caractère plus que bien trempé.
Dans cet univers grouillant, l’auteur tisse une histoire aux ramifications multiples et qui n’hésite pas à plonger dans l’histoire rocambolesque du Panama. Toutefois, à force d’abuser de sorcellerie et d’invraisemblances en tous genres, le lecteur finit par décrocher d’un roman qui avait pourtant bien commencé. Car comment croire un instant à toute la dernière partie qui frise le grandiloquent ?
Publié aux Editions Calman Levy – 2019 – 411 pages