11.11.06

Octave avait 20 ans – Gaspard Koenig

Livre fascinant. Pas tant pour son contenu romanesque, à dire vrai relativement convenu, mais pour la richesse éclatante de sa langue. Dire que cet auteur n’a que 24 ans et que c’est son premier roman ! Il y a du Proust et du Yourcenar dans ces pages. C’est dire la qualité littéraire époustouflante.

Le sujet est en soi intéressant, original et constitue une entreprise bien téméraire pour un jeune auteur. Il s’agit de transposer un relativement obscur personnage secondaire, Octave, de « A la recherche du temps perdu » en ce début de XXIeme siècle et d’en faire la vedette lumineuse, attirante et détestable à la fois de cet exercice littéraire. Jeune Prince de la haute.

Une belle réussite qui écorne avec brio la futilité des vanités de la haute société tout en sachant reconnaître le panache et le style, même s’il se joue, presque mécaniquement, au mépris de toute forme d’humanité, de respect de l’autre. Le panache ne peut se concevoir pour Octave que comme faire plier ses proies à sa volonté, à son bon plaisir, à sa sexualité plutôt débridée.

Octave consomme les femmes comme d’autres les voitures, l’alcool ou pire encore. Il ne s’attache que rarement voyant dans ses conquêtes l’une des multiples illustrations de sa supériorité. Pourtant, la dernière page nous réservera une inattendue surprise après une brillantissime et hallucinante description d’une joute sexuelle sur la plage de Cabourg.

La sexualité tient un rôle prépondérant dans cet ouvrage. Elle aurait pu le faire sombrer dans la vulgarité. Au contraire, l’originalité du style, la qualité de la langue, la maîtrise grammaticale et syntaxique font de chacune de ces scènes crues et fortes en détails, un monument littéraire. La quinzaine de pages décrivant une scène de fellation vaut le détour littéraire. A inscrire au programme du BAC français !

Nous regretterons bien l’absence de linéarité dans le récit qui conduit à juxtaposer des chapitres dont on peine à trouver la cohérence. Reste que chaque chapitre est d’une totale originalité, d’une inventivité littéraire inconnue à notre époque riche en production mais bien pauvre en style, et nous donne envie de retourner à nos Bescherelle et conjugaisons.

A lire sans hésiter pour la qualité littéraire. J’en suis encore pantelant !

209 pages – Publié par Grasset

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