Un titre bien choisi à partir du moment où l’on y adjoint le point d’exclamation, pour intimer à l’auteur de se taire, de cesser de nous assommer de poncifs et de réflexions prétendument pointues et sociologiques.
Pourtant, l’idée de base est excellente. Une femme, la soixantaine alerte, quasi-sourde se fait opérer pour une greffe des deux tympans. A son réveil post-opératoire, un peu difficile, elle réalise soudain qu’elle va rester quinze jours sans entendre le moindre son, saisir la moindre parole.
Peu à peu, son cerveau se souvient des sons qui accompagnent la vie quotidienne. Il réinvente pour elle au gré des besoins. Chaque scène se voit associée une bande sonore, issue de la mémoire. A chaque bande est associé un souvenir et un souvenir en entraîne un autre.
Jusqu’au tiers de l’ouvrage, l’inventivité est tenue. L’histoire de cette femme, Catherine, se recompose sous nos yeux. Le lecteur comprend aussi, assez vite, que se cache un mystère derrière la naissance de la fille aînée de Catherine. Que ce mystère, dont on comprendra peu à peu qu’il s’agit d’un viol, a conditionné la vie de Catherine, son mariage, sans amour, et le comportement de plus en plus insupportable de son conjoint, ses choix, ses amants.
Malheureusement, brutalement Evelyne Sullerot perd le contrôle de son roman. Au lieu de jouer d’inventions et de nous faire voyager dans le cerveau de Catherine comme Ian Mc Ewan a su si brillamment le faire dans « Samedi » bloggué ici, nous nous retrouvons au café du commerce à subir un matraquage en règle de notre société. Pourquoi pas, après tout ? Sauf que le style devient pataud puis insupportable. Toute originalité disparaît et le sommeil vous gagne…
Je n’ai même pas pu aller au bout, tellement c’est mauvais. C’est vous dire !
Publié chez Fayard – 315 longues pages dont au moins 150 de trop !
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