Un triptyque pour trois femmes, trois générations : Julienne, la grand-mère, Marcelle, la fille, Pascale, la petite-fille.
Trois vies de femmes en souffrance, trois vies ratées, trois vies marquées par la maladie et la quête d’un amour toujours absent ou toujours mal choisi.
Il n’y a guère de joie et d’optimisme dans ce livre qui nous entraîne dans trois cris liés les uns aux autres. Ce lien existe d’abord parce que ces femmes n’ont pas su s’aimer entre elles, du moins, pas spontanément. C’est systématiquement trop tard qu’elles s’en apercevront, ratant ainsi un rendez-vous incertain avec une partie d’elles-mêmes.
Des vies marquées par l’abandon aussi : celui de Pascale par Marcelle, dans la plus tendre enfance, puis celui des hommes. Les maris vivent peu longtemps et leur disparition tragique et prématurée se traduit par des souffrances renouvelées pour ces trois femmes perdues. Et quand elles trouvent un nouvel homme, soit elles s’illusionnent et courent s’abrutir dans des aventures sans amour, donc condamnées d'avance, soit elles sont abandonnées ou abandonnent. Incapables de construire et de durer.
Car au fond, ce dont elles souffrent toutes, profondément, c’est de ne pas s’aimer elles-mêmes car elles n’ont pas été aimées de leurs parents, particulièrement de leur mère.
Enfanter fut pour toutes une punition et Pascale mettra à profit la contraception moderne combinée à une vie sexuelle compliquée et sporadique pour n’avoir pas à enfanter. Elle boucle la boucle, ferme la vie définitivement sur son passage une fois Julienne et Marcelle mortes.
La folie est toujours sur le point d’exploser dans la tête de ces femmes désaimées. D’ailleurs Marcelle sera victime d’un Alzeimer précoce et la folie finira par avoir raison d’elle. Pascale la côtoie, incapable de pondération : elle ne sait vivre que dans l’extrême, alternant extase insupportable aux autres et dépression sacrificielle.
Il ne fait pas bon être un personnage de ce roman. Vous êtes condamné d’avance à une vie sans lumière, sans joie durable et que le malheur aura tôt fait d’annuler.
L’écriture douce, feutrée renforce curieusement ce sentiment d’oppression qui bientôt s’empare de vous. Toutefois, par une maîtrise remarquable et une retenue constante, Armande Gobry-Valle sait nous tenir en haleine et nous amener à poursuivre la découverte de ces trois vies gaspillées.
Publié aux Editions Viviane Hamy – 150 pages
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