21.7.08

La correspondante anglaise – Anne Bragance

C’est avec un peu d’a priori que je m’étais saisi de ce roman, un jour de chaleur écrasante, dans le Sud, en pleines vacances d’été. Sans doute un roman féminin, écrit rapidement, sitôt lu, sitôt oublié, m’étais-je dit.

Finalement ce fut une sympathique surprise. Pas au plan de l’écriture, très simple, linéaire, immédiatement appréhensible, ce qui, sans doute, participe au charme de l’ouvrage.

Mais, Anne Bragance a su trouver un thème original et le mener au bout, sans faillir et en sachant retenir l’attention du lecteur légèrement réticent que je fus, du moins au début.

C’est à un dialogue entre deux amis de cinquante ans que nous invite l’auteur. Deux septuagènaires paumés au fin fond de la Normandie et qui se suivent depuis le berceau. Ils ont même fait la Légion ensemble et se connaissent par cœur.

Un dialogue drôle, enlevé et avec une énorme tendresse pour l’autre, celle qui permet d’effacer les petits défauts et de rendre un quotidien partagé suportable. Une tendresse qui sait pardonner les coups de gueule et les petites fâcheries qui ne durent jamais trop longtemps.

Deux originaux en tous cas. Joseph entretient une correspondance unilatérale puisqu’elle n’a jamais connu la moindre réponse, avec la Reine d’Angleterre, Elizabeth, qu’il admire et porte au pinacle. C’est elle qui donne un sens à sa vie et qui la rythme. C’est à elle qu’il confie ses soucis après que ses quatre enfants lui aient arraché l’héritage, une fois veuf, père au trop grand cœur non payé de retour. C’est aussi pour Elizabeth qu’il s’essaye à apprendre l’Anglais en baragouinant tout seul, de façon phonétique et répétant les phrases idiotes et inutiles que la méthode par cassettes lui impose à longueur de champ. Partir en Angleterre pour quelques jours est le projet de sa vie. Mais pour cela il faudra convaincre son ami, faire des choix, trouver l’argent et surmonter bien des obstacles.

Et puis, il y a son compère Samuel, plus rustre, plus introverti et dont la seule passion est le jardinage. Son rêve est de créer une rose en l’honneur d’un amour de jeunesse, un peu sorcière et qui fera parler d’elle d’une manière inattendue après que quarante huit décès de septuagénaires auront endeuillé le canton inexplicablement.

C’est à ce quotidien bousculé par la présence de la Presse, attirée par ces morts en série, que nous assistons. Un quotidien remis en question par une enquête policière qui vient troubler de vieilles habitudes et remettre en cause des certitudes.

Nous observons, mi-goguenards, mi-attendris, ces petites moqueries entre amis et qui renforcent une amitié inébranlable, capable de venir à bout dtout et de pardonner tout. Même la correspondance anglaise, inutile et ridicule mais qui va finalement déboucher sur une belle rencontre avec les bizarres habitants de l’île d’en face.

Bref, on passse un bon moment grâce à ce livre attachant, plein de trouvailles, enlevé et amusant. Ce n’est certes pas de la grande littérarture mais on ne l’oublie pas sitôt la dernière page refermée. Comme quoi, les a priori sont nos pires ennemis…

Publié aux Editions Stock – 228 pages

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