“La musique du diable”, c’est celle du blues, celle de la détresse, de la pauvreté, de la misère inventée par les Noirs d’Amérique. C’est la musique pour survivre aux travaux du coton épuisants, pour donner du sens à une vie courte car, souvent, l’on mourait d’un mauvais coup ou tout simplement, épuisé, emporté par la moindre maladie.
Un vieil homme vient de se faire expulser de son misérable taudis. Il est noir, malade, abandonné de tous et a pour seul bagage une guitare douze cordes dans son étui.
Une jeune voisine blanche, délurée, maltraitée elle aussi par la vie va le recueillir. En prenant tous les risques, jouant de culot et d’intimidation, elle va réussir à faire admettre le vieil homme à l’hôpital pour traiter son cancer.
En période de rémission et alors qu’il sait qu’il ne lui reste plus que quelques mois à vivre, le vieil homme entreprend de conter ses belles années aux côtés de certains monstres du blues, dans le Sud encore esclavagiste en esprit. Pour témoigner en musique, il reprend sa douze cordes et va donner dans un bar interlope fréquenté par des joueurs de dés, une série de représentations où la quintessence de son art va s’exprimer, une dernière fois, avant de sortir définitivement d’une vie qui connut plus de chagrins que de joies.
L’auteur rend de façon particulièrement efficace la condition des Noirs des Etats du Sud au début du XXe siècle. Une vie où alcool et blues permettaient de s’abrutir et d’oublier une condition d’exploités.
Pour autant, le roman manque de souffle. Il eût fallu une écriture endiablée, rythmée, forte pour soutenir un pareil thème. Rien de tout cela. Comme, en outre, l’intrigue est parfois un peu compliquée du fait de la juxtaposition des temps anciens et du monde présent, on se prend à compter les pages en vue d’arriver à la fin.
Bien dommage, car cela aurait mérité meilleur traitement.
Publié aux Editions Albin Michel – 323 pages
Lisez vous les auteurs américains en anglais ? Avez-vous lu Walter Mosley dans sa langue ? Vous seriez alors peut-être plus indulgent sur son écriture ou vous verriez mieux l'incontestable force et musicalité de son style ?
RépondreSupprimerJP Charopentier
merci pour votre commentaire. Je lis les auteurs américains en traduction française. Parlant quasiment couramment Anglais, je vais suivre votre suggestion et le relire en version originale. Bien cordialement,
RépondreSupprimerJ'ai lu "la musique du diable" en version française et je ne partage pas votre analyse, je dirai même tout le contraire tant cette lecture m'a passionné et ému jusqu'aux larmes. Etant moi même musicien, passionné par le blues, je pense être très difficile et critique sur le sujet, et pour moi, ce livre est un vrai chef d'oeuvre.
RépondreSupprimerCadiJo
www.myspace.com/cadijochansonsblues
J'ai lu le livre en version française et je suis resté accroché jusqu'à la fin passionnément. Je n'ai pas eu le même ressenti que vous, c'est même tout le contraire. Je pense être très difficile sur le sujet, étant moi même musicien, passionné par le blues, et pour moi, ce livre est un chef d'oeuvre.
RépondreSupprimerCadiJo www.myspace.com/cadijochansonsblues