Pourquoi un tel titre, un peu racoleur et dont nous n’avons pas compris le sens par rapport aux propos de l’auteur ?
A part cette question (de marketing peut-être ?), voici un livre coup de poing ! Un livre fort, marquant et dont la langue vous plaque au sol par sa violence et celle, physique et psychologique, qu’elle décrit crûment, sans nous épargner le moindre détail.
Un couple sans histoire vit dans une banlieue quelconque, dans un petit pavillon coincé entre deux nationales. Lui est vaguement cinéaste, elle se cherche entre libraire et antiquaire. Peu de revenus, beaucoup d’ennuis administratifs mais une routine rassurante. Un amour qui dure.
Mais tout à coup la vie de Solange va basculer. Un jeune de la cité voisine s’introduit de force chez elle. Il va tout casser, la brutaliser, se saouler et la violer, à deux reprises. Une violence gratuite pour exprimer en actes ce que la langue pauvre, limitée est incapable de traduire.
Solange devra composer avec son tortionnaire pour rester en vie. Une compromission indicible, incompréhensible par son entourage. Jusqu’où aurait-elle dû aller ? Que peut-on accepter, comment préserver sa vie de femme, sa vie de couple après une épreuve que les autres n’arrivent pas ou ne veulent pas comprendre ? Comment dire ce que personne n’est prêt à entendre ? Comment passer du statut de victime à celui de responsable ?
Ce roman fait appel à une langue d’une violence inouïe pour nous interpeler sur ces divers thèmes. La scène du viol, d’une quarantaine de pages, est d’une incroyable férocité. On se prend à retenir sa respiration, à s’accrocher à chacune des pages tellement nous souffrons avec la victime.
Virginie Lou fait une entrée en force dans le cercle des grands auteurs de langue française via un ouvrage difficile et choc !
Publié aux Editions Actes Sud – 179 pages