Certains romans ne manquent pas de nous rappeler des lectures antérieures, offrant une sorte de variation plus ou moins réussie selon le cas, de thèmes abordés ailleurs. C’est typiquement le cas avec ce roman d’un écrivain breton que, pour ma part, je découvrais ici.
Il y a du « Indigne indigo » de Michel Chaillou et de « L’œuvre vive » de Jean-Guy Soumy dans le roman de C. Morgan. Aucun plagiat bien évidemment, seulement la fusion de thèmes que nous avions trouvés dans ces deux autres romans cités et dont vous pourrez trouver une note de lecture sur Cetalir.
« Le Bleu de la mer » nous met au cœur de la difficulté de créer, pour un artiste peintre. Il nous donne à réfléchir quant aux thèmes d’inspiration, à ces émotions rationnelles ou le plus souvent irrationnelles qui font qu’une toile sera réussie ou non, qu’une autre prendra brutalement sa place dans une urgence créatrice à dire.
Un homme, après avoir déserté de l’armée française pendant la guerre d’Algérie, revient s’installer sur la côte bretonne après une vie d’errance en Afrique du Nord, en Sicile et en France. Il vient y retrouver ses racines dans une quiétude et une solitude propice à une peinture épanouie et sereine. Une forme de bonheur accompli, de subtil équilibre.
Mais une jeune femme islandaise, mariée et mère d’une petite fille, va venir tout bouleverser le temps d’un été brûlant comme le désir qui s’empare d’un homme qui croyait que les tiraillements de la chair l’avaient déserté, la soixantaine passée.
De nouvelles perspectives, une nouvelle source d’inspiration s’ouvrent alors, remettant tout en cause. L’urgence s’empare de l’artiste comme la sève hâte son chemin vers l’éclosion, le printemps revenu.Pourtant, ce seront surtout la déception, la duperie qui l’emporteront, laissant l’artiste et le peintre quelque peu sonnés par une fin inattendue et réussie.
Morgan est avant tout un artiste des mots. Il a des formules d’une subtile poésie pour rendre de petits détails de la vie quotidienne insolites et merveilleux. Mais, une toile réussie n’est pas une toile surchargée de détails. C’est un tout cohérent, structuré, qui suscite émotion, réactions et une approche globale.
Or, c’est à mes yeux, la limite de ce petit roman, par ailleurs fort agréable à lire. A trop vouloir forcer le trait littéraire, le fond parfois s’efface et le propos a du mal à percer derrière trop d’effets ou de formules dissimulant l’essentiel.
C’est ce qui fait la différence entre un très bon roman, ce que n’est pas « le Bleu de la mer » et un bon roman.
Publié aux Editions Phébus – 163 pages