25.3.11

Et mon cœur transparent – Véronique Ovaldé


Si l’on devait rechercher l’archétype d’un romain résolument contemporain, en verve, avançant sans s’en laisser compter dans un environnement tissé de toutes pièces, je n’hésiterais pas à citer « Et mon cœur transparent ».

Un roman typiquement français, par son atmosphère si particulière, son intimité et sa pudeur. Un roman rebondissant, souvent drôle, malgré un sujet assez lourd. Drôle parce que Véronique Ovaldé a décidé de ne pas se prendre au sérieux tout en conduisant de main de maître son récit.

Lancelot est un brave type qui se laisse un peu mener dans sa vie. Divorcé d’une première épouse qui lui était devenue étrangère, il s’est remarié à une fille fantasque, beaucoup plus jeune que lui, belle, attirante. Il n’a jamais très bien compris comment ce mariage d’amour, miraculeux, a bien pu se produire.

Mais voici qu’encore fraichement marié, sa nouvelle épouse, Irina, disparaît dans un accident de voiture. Un accident bizarre, à un endroit où elle n’aurait dû se trouver, à une heure improbable, dans d’étranges circonstances.

Ebranlé par cette mort qui le laisse abandonné à lui-même, vaguement désœuvré, Lancelot, interpelé par les premières révélations de la police, va chercher à comprendre ce qui a pu se passer.

Un à un, les secrets d’Irina vont se révéler et Lancelot va découvrir qui était vraiment sa femme.

Mené un peu comme une enquête parallèle, le récit nous donne à réfléchir sur la perception que nous avons des autres, y compris les plus intimes. Que connaissons-nous vraiment d’eux ? Quel rôle nous font-ils jouer malgré nous ? Où commence la manipulation et où s’arrêtent les sentiments ?

Pour tenter de répondre à ces diverses interrogations, Lancelot va se confronter à un monde qui lui était totalement étranger. Un monde à la marge, en contestation souvent violente. Un monde dont il va devoir apprendre les codes, un monde qui va peu à peu lui devenir une nouvelle famille.

Sur cette route parsemée d’embûches, V. Ovaldé va poster une cohorte de petits personnages attachants parce que mal dans leur peau, en doute ou en quête d’amour, de reconnaissance ou simplement d’un peu d’attention.

Ce qui fait le charme du livre est un goût prononcé pour le merveilleux, l’improbable, le surprenant. Mené tambour battant, le livre nous entraine dans un tourbillon indispensable au personnage principal pour quitter une vie avant d’en endosser une autre malgré qu’il en ait (comme on disait au XVIIe siècle !).

Tout ceci se lit très vite et laisse un joli goût sucré et acidulé dans la bouche. A déguster sans hésitation.

Publié aux Editions de l’Olivier – 233 pages