16.3.12

Les Arabes dansent aussi – Sayed Kashua



Ce livre fit l’effet d’une bombe lors de sa parution en Israël . Ecrit par un journaliste de citoyenneté israélienne mais d’origine palestinienne, il relate posément, sans cris, sans jugement de valeur, l’énorme et terrifiante difficulté à vivre quand on est palestinien, arabe et israélien.

De fait, c’est toujours du mauvais côté de la barrière que ces laissé pour compte finissent bien malgré eux par se retrouver.

Aux yeux des Arabes et de leurs frères palestiniens, ils apparaissent comme des profiteurs de l’occupant, des inféodés du peuple honnis qu’ils servent et dont ils dépendent pour vivre. Aux yeux des Juifs d’Israël, ce sont des parias, les rebuts de la société, la main-d’œuvre peu onéreuse et soumise.

Même, comme c’est le cas du jeune garçon dont il est question ici, et dont il n’est pas vain de penser qu’il s’agit d’un auto-portrait de l’auteur, quand il s’agit des meilleurs élèves reçus dans les meilleures écoles juives. Ils seront toujours exclus des manifestations collectives à caractère religieux, des exercices de préparation militaire puis, plus tard, des meilleurs postes.

Alors ce jeune garçon qui vivait jusque là dans un petit village de Galilée dans la nostalgie familiale de la Palestine vue comme la Terre Promise, va s’exiler dans le meilleur internat de Jérusalem. C’est là qu’il découvrira rapidement l’impossibilité à aimer et être aimé d’une jeune fille juive, le racisme profond de la société dominante, les douces illusions d’un père qui finira résigné après avoir été considéré comme un héros palestinien dans sa jeunesse.

C’est là aussi qu’il comprendra la misère dont il vient en découvrant l’opulence de la grande ville, la musique des Beattles, les vêtements occidentaux. Viendra alors le temps de comprendre sa double identité et de trouver son propre chemin étroit dans un monde où la tolérance n’est pas la vertu première.
Il en résulte un assez beau livre et dans tous les cas, un témoignage précis, factuel sur une société que nous connaissons mal ici, en Occident. Dans la même veine mais avec un impact narratif et stylistique autrement plus fort, nous avons préféré « Et il y eut un matin » du même auteur, et dont vous trouverez l’analyse dans Cetalir.

Publié aux Editions Belfond  - 253 pages