Ce livre fit l’effet d’une bombe lors de sa parution en
Israël . Ecrit par un journaliste de citoyenneté israélienne mais d’origine
palestinienne, il relate posément, sans cris, sans jugement de valeur, l’énorme
et terrifiante difficulté à vivre quand on est palestinien, arabe et israélien.
De fait, c’est toujours du mauvais côté de la barrière que
ces laissé pour compte finissent bien malgré eux par se retrouver.
Aux yeux des Arabes et de leurs frères palestiniens, ils
apparaissent comme des profiteurs de l’occupant, des inféodés du peuple honnis
qu’ils servent et dont ils dépendent pour vivre. Aux yeux des Juifs d’Israël, ce sont des parias, les rebuts
de la société, la main-d’œuvre peu onéreuse et soumise.
Même, comme c’est le cas du jeune garçon dont il est
question ici, et dont il n’est pas vain de penser qu’il s’agit d’un
auto-portrait de l’auteur, quand il s’agit des meilleurs élèves reçus dans les
meilleures écoles juives. Ils seront toujours exclus des manifestations
collectives à caractère religieux, des exercices de préparation militaire puis,
plus tard, des meilleurs postes.
Alors ce jeune garçon qui vivait jusque là dans un petit
village de Galilée dans la nostalgie familiale de la Palestine vue comme la Terre
Promise, va s’exiler dans le meilleur internat de Jérusalem. C’est là qu’il
découvrira rapidement l’impossibilité à aimer et être aimé d’une jeune fille
juive, le racisme profond de la société dominante, les douces illusions d’un
père qui finira résigné après avoir été considéré comme un héros palestinien dans
sa jeunesse.
C’est là aussi qu’il comprendra la misère dont il vient en
découvrant l’opulence de la grande ville, la musique des Beattles, les
vêtements occidentaux. Viendra alors le temps de comprendre sa double identité
et de trouver son propre chemin étroit dans un monde où la tolérance n’est pas
la vertu première.
Il en résulte un assez beau livre et dans tous les cas, un
témoignage précis, factuel sur une société que nous connaissons mal ici, en
Occident. Dans la même veine mais avec un impact narratif et stylistique
autrement plus fort, nous avons préféré « Et il y eut un matin » du
même auteur, et dont vous trouverez l’analyse dans Cetalir.
Publié aux Editions Belfond - 253 pages