Joli titre pour un recueil de nouvelles dont la tonalité
générale est délibérément noire, voire désespérée. Marie Didier a une capacité
surprenante à représenter ou faire représenter la mort, physique ou symbolique,
humaine ou animale dans cette série de très courts textes, très travaillés et
au dénouement brutal et surprenant.
Qu’est-ce qui peut relier une colonie de scarabées en route
sur la plage des vacances, un visage hagard et édenté ou le propriétaire d’un
drugstore déserté ? La mort, ridicule et proche, inéluctable et résignée,
sans gloire et sans bruit.
Quand il ne s’agit pas de disparition physique, c’est la
perte de ses illusions, d’un amour dans lequel on avait vainement espéré, de sa
dignité, écartelée comme cette masse adipeuse humaine, ragoutante et sordide,
d’une femme éléphantesquement obèse venue subir d’improbables attouchements
gynécologiques. Rares sont les moments, dans ces petits récits, de joie ou
d’espoir. Au contraire, c’est le côté sombre et pitoyablement mesquin de
l’humanité qui est mis en évidence. Cependant, grâce à un style décalé, posé,
presque factuel, Marie Didier réussit la prouesse de presque nous en faire,
timidement, sourire.
Un recueil écrit avec un talent certain, à réserver aux
jours où vous vous sentez en forme cependant.
Publié aux Editions Gallimard – 136 pages