Directrice de la
fondation IFRAP, Agnès Verdier-Molinié (AMV) ne cesse de mettre au grand jour,
année après année, dans des ouvrages fort bien documentés, les multiples
dérives et dangers que nous font courir la mondialisation, la fuite en avant ou
le défaut de maîtrise des politiques publiques.
« On va dans le
mur » est un ultime cri d’alarme pour mettre en évidence tout ce que le
grand public ignore et qui conduit à une gabegie de dépenses publiques plus ou
moins consciemment organisée ou, du moins, protégée par une extrême minorité de
nantis et de profiteurs n’ayant aucun intérêt à ce que des réformes soient
mises en œuvre.
Pour la première fois et
après une enquête minutieuse, AMV révèle ainsi qu’il existe environ 100.000
mandats d’administrateurs d’organismes sociaux en tous genres, grassement
rémunérés pour un travail des plus légers, certains d’être décorés par la
République après vingt ans de mandats et fermement assis sur le couvercle d’une
marmite qui menace d’exploser. Ce sont eux les principaux opposants à une
réforme du régime des retraites dont nous savons tous pourtant qu’elle est
aussi inévitable qu’indispensable.
Que dire aussi du maquis
des taxes et impôts (AMV en recense là aussi pour la première fois 360, presque
une par journée calendaire !) ? Un fatras illisible dans lequel
s’amoncellent des prélèvements coûtant plus qu’ils ne rapportent et qui font le
bonheur d’organismes obscurs et à peu près inutiles, car fréquemment en
surnombre, si ce n’est pour recaser des fonctionnaires détachés de leur
ministère de tutelle.
L’Administration en effet
est loin de donner l’exemple. Car, si le discours officiel est de serrer les
dépenses de plus en plus fort, en réalité, la plupart d’entre elles sont
repoussées vers les collectivités locales et territoriales dont les subventions
ne cessent de diminuer, amenant une pression fiscale de plus en plus
intolérable au moment même où celle de l’Etat ne cesse également de progresser.
Quant aux rémunérations
des fonctionnaires, il y a là aussi loin de la coupe aux lèvres entre le
discours officiel du gel du point d’indice depuis 2010 et un système absolument
obscur de 1851 primes (oui, vous avez bien lu !) permettant à certains
fonctionnaires d’augmenter leur rémunération de 45% hors de tout contrôle et de
tout principe d’égalité de traitement dans la fonction publique.
Des exemples de
dysfonctionnements de ce type illustrant soit une absence de volonté politique
de réformer vigoureusement, soit une résistance passive des syndicats et autres
bénéficiaires d’un système qui semble être désormais hors de tout contrôle,
abondent dans la description presque apocalyptique faite par AMV.
Toutefois, cette dernière
montre dans la dernière partie de son ouvrage, de façon très didactique bien
que parfois sans doute un peu optimiste ou simplifiée, qu’il est possible de
mettre fin à ces dérives et d’éviter à notre pays de s’effondrer sur soi. Une
menace de plus en plus réelle si rien n’est entrepris urgemment. Il suffit de
courage politique et de détermination, sans quoi le prix à payer sera terrible
surtout pour cette frange de la population qui vit sous assistance sociale
permanente (dont l’objet et le fonctionnement ont été largement pervertis comme
le montre AMV d’ailleurs). Ne rien faire, c’est faire le lit du FN, du
populisme. Et l’on sait où cela mène : au plongeon dans le chaos. A bon
entendeur, Mesdames et Messieurs les politiques si vous ne voulez pas n’avoir à
vous en prendre qu’à vous pour payer pour longtemps et chèrement le prix de
l’immobilisme.
Publié aux Editions Albin
Michel – 2015 – 272 pages