Écrit en 2012, le roman de François Vallejo reste largement
d’actualité au moment où se pose la question du retour des djihadistes français
dans leur pays d’origine.
Rien ne prédestinait Alban, un jeune homme sans histoire
particulière issu d’une famille de la moyenne bourgeoisie parisienne, à
basculer du côté du fanatisme religieux. Jusqu’à la découverte fortuite, par sa
demi-sœur aînée Alix qui a toujours fait un peu office de seconde mère veillant
sur lui, que le jeune homme fréquentait la mosquée du quartier et les milieux
musulmans sous le nom d’Abdelkrim Youssef. C’est un coup de poing dans le
ventre qu’elle reçoit avec cette nouvelle impensable.
Bientôt, malgré les dénégations du converti et l’aveuglement
des parents qui ne veulent voir là qu’une lubie de leur fille envers un frère
qu’elle a toujours eu trop tendance à encadrer, les signes de radicalisation
d’Alban vont se multiplier. Jusqu’à sa disparition mystérieuse lors d’un voyage
au Kenya puis son départ volontaire, mais dissimulé, vers un camp
d’entraînement quelque part du côté du Pakistan.
Dès lors, Alix, restauratrice spécialiste des fresques du
Moyen-Âge, n’a de cesse que de retrouver la trace de son frère au risque de
couler sa propre réputation professionnelle. Fougueuse et déterminée, elle
découvrira bientôt qu’elle n’est pas la seule à pister un homme aux intentions
potentiellement malveillantes. Commence alors un jeu complexe mettant en jeu
les enquêtes des services de renseignement et le propre travail d’Alix ainsi
que sa vie personnelle dans ce qu’elle a de plus intime. Un jeu de
manipulations à multiples niveaux pour tenter de glaner des renseignements et
éviter le pire : le passage à l’acte pour un frère devenu fou de Dieu, un
drame terroriste pour l’État.
François Vallejo tente visiblement ici de rendre compte de
ce qui peut pousser un jeune insoupçonnable à tomber entre les griffes
d’extrémistes islamistes prêts à tout au nom d’une doctrine radicale et du
désarroi que cela peut engendrer dans le cercle familial. Son propos se fait
aussi plus politique, dans la dernière partie du livre, soulignant
indirectement les risques engendrés pour la population et ceux qui sont
suspectés du fait d’un État usant de tous les moyens pour protéger ses intérêts et sa réputation.
Au résultat, cela donne cependant un roman un peu bancal auquel on a du mal à
s’identifier par manque de réalisme ou plutôt dans de crédibilité dans les jeux
de pouvoir et de manipulation entre les personnages gravitant autour du jeune
homme radicalisé. L’intention est louable donc mais le résultat peu convaincant.
Publié aux Éditions Viviane Hamy – 2012 – 331 pages