Après une première carrière comme acteur, en particulier dans des séries télévisées autrichiennes, Robert Seethaler s’est tourné vers la mise en scène et l’écriture. Né à Vienne mais vivant à Berlin, il publie régulièrement des romans remarqués et fréquemment sélectionnés pour l’attribution d’un prix.
« Une vie entière » est consacré à un homme qui, toute sa vie, n’aura guère de chance mais continuera à avancer, sans rien demander, se contentant de peu. Né à une date inconnue, orphelin de mère, Andreas Egger sera confié à un fermier bourru qui en fera un ouvrier corvéable à merci ainsi que son souffre-douleur. Il en restera infirme, boiteux d’une fracture mal remise.
À chaque tentative pour avancer dans la vie, il verra ses projets rapidement contredit. Quand ce n’est pas une avalanche qui brise ses rêves de vie familiale c’est la guerre et le nazisme qui finiront par l’envoyer sur le front russe d’où il ne reviendra que bien des années plus tard, sans travail, sans biens.
Andreas ne se plaint jamais. Il lui suffit d’être dans sa montagne. Il consacrera une bonne partie de sa vie à monter des pylônes permettant à de plus en plus de téléphériques de partir à l’assaut des sommets pour permettre aux touristes de pratiquer ce sport qui fera de plus en plus fureur, le ski. Il contribuera à la survenue d’un monde qui lui reste fermé et dont il ne comprend pas la logique.
Passeront les années et avec elles la solitude, l’oubli, les souvenirs ténus et qui finissent par disparaître. Jusqu’à la mort aussi discrète et solitaire que cette vie entière où la mort aura sans cesse rôdé et où les joies auront été aussi rares qu’éphémères.
Publié aux Éditions Sabine Wespieser – 2015 – 157 pages