Ces terres situées au bout du monde appartenant à la République française qui en a fait des Départements et Territoires d’Outre-Mer apparaissent pour beaucoup comme des terres de dépaysement garanti et de vacances plus ou moins idylliques. Mais derrière ces images d’Épinal se cache souvent une réalité bien différente : celle d’une violence constante entretenue par un mélange explosif de pauvreté, de chômage, d’exclusion, d’ostracisme et d’immigration illégale en provenance de zones encore plus pauvres.
L’île de Mayotte appartient typiquement à cette catégorie. Terre d’accueil paradisiaque avec ses lagons bleus et son soleil de plomb pour de jeunes coopérants venus y tester, avec plus ou moins de succès, leurs belles idées généreuses, elle est aussi ce bout de terre sur lequel s’échouent par dizaines de milliers des hommes et des femmes ayant fui leurs pays, venus des Comores, de Madagascar ou du Mozambique.
Pendant que l’intelligentsia et la bourgeoisie locale occupent les beaux quartiers, les pauvres, les exclus et les réfugiés s’entassent par dizaines si ce n’est centaines de milliers dans le bidonville de Gaza. Une zone de non-droit où les bandes rivales s’affrontent pour conquérir ou conserver le pouvoir. Une zone qui obéit à ses propres règles faites de violence, de drogues, de larcins en tous genres et de terreur sous toutes ses formes.
En campant cinq personnages principaux dont les vies sont intimement entrecroisées, Natacha Appanah nous invite à découvrir ces divers aspects de la vie à Mayotte. Tous et toutes sont venus là pour trouver ou fuir quelque-chose. Tous y rencontreront la violence et son corollaire, l’hystérie collective quand plus rien n’est possible pour canaliser l’immensité des frustrations et la désespérance qui caractérisent une partie de plus en plus substantielle d’une île dont on se dit qu’elle est décidément assise sur un volcan.
Natacha Appanah signe ici l’un de ses meilleurs romans couronné d’ailleurs du Prix Femina des Lycéens et du Prix France Télévisions.
Publié aux Éditions Gallimard – 2016 – 175 pages