Comment mal commencer l'année ? Lisez ci-dessous et vous en aurez une petite idée....
Hugo Marsan se prête à un difficile exercice Proustien dans son dernier roman. Proustien, par le personnage central, Marcel (tiens donc), romancier et dramaturge (tiens donc), mais aussi et surtout homosexuel (tiens donc) assumé et solitaire, à l’aube de la vieillesse, à l’ombre de la mort, réfugié du bruit et du monde sur Belle-Ile-en-Mer.
Proustien, par un style, très introverti, très ciselé, un rien pédant et manquant totalement de naturel. La lecture en est souvent pénible, l’écriture manquant de spontanéité et l’analyse psychologique, voire l’auto-analyse, y compris celle de Marsan (le personnage central ne se nomme-t-il pas Mersan?), omniprésente.
Proustien, encore, car l’homosexualité masculine en est le thème central. Sous toutes ses formes, si j’ose dire. Celle vécue, revendiquée par Marcel, dès ses vingt ans, dont l’éloignement choisi va créer les conditions pour que sa petite cour masculine et féminine, très parisienne, insupportable, éclate et trouve sa vraie voie.
Celle, tardive, de Robert qui va la découvrir malgré lui à travers un jeune handicapé mental, Jérémie.
Celle, hiératique et troublante, de Véréna, travelo et prostitué(e) que l’auteur n’hésite pas à placer au-dessus de toute réalité. Sorte de démon précis et maniéré qui entraîne dans le gouffre les hommes qu’il touche. Charles, vieux veuf et père de famille, n’y réchappera pas.
Celle, d’Amalric, bel amant de ces dames mais amoureux transi de Marcel et dont l’homosexualité ne lui sera auto-révélée que plus tard.
Les femmes n’y ont pas le beau rôle : seulement celui d’êtres libérés, ou revendiquant de l’être, épouses infidèles et amantes délaissées. Elles sont belles, c’est tout. Elles n’existent pour ainsi dire pas, sauf la mère de Marcel (décidément aucun cliché ne nous sera épargné !).
Pour parfaire le maniérisme de cette polyphonie littéraire où les personnages se croisent et s’entrecroisent, s’aiment et se quittent, se trompent, y compris sur eux-mêmes, hantés par la perspective de la mort, Marsan ne nous épargne même pas une visite détaillée des rues de Paris, décrites à coups de phrases dont l’auteur est sans doute très fier mais qui laissent le lecteur totalement indifférent.
Un livre assez assommant par son style, sa construction et que j’ai bien failli abandonner à moult reprises en cours de route…
218 pages – Publié au Mercure de France
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