Attention, jeune auteur plein de promesses !
Derrière un titre anglo-saxon se cache un roman typiquement contemporain et français. Un beau roman, bien écrit, bien construit pour dire la douleur d’aimer et d’exister quand on n’est pas comme les autres.
Alfred et Simon sont les deux seuls juifs de Khaboul. Ils habitent tous deux dans « Chicken Street » où ils exercent leurs professions. Alfred est écrivain public, maîtrisant plusieurs langues, alors que Simon est cordonnier. Tous deux tentent d’exister, modestement, en célibataires, dans un pays qui se remet à peine de la dictature des Talibans. C’est un choix de vie délibéré, une fuite d’un monde d’horreurs et qui les a rejetés.
Leur seule occasion de rencontre est de se rendre ensemble à l’esquisse de synagogue, chaque vendredi soir, sans se faire remarquer.
Leur vie tranquille et intégrée, dans un pays qui ne portent pas les juifs en son cœur, va s’écrouler le jour où Naema, une jeune et belle Afghane, viendra trouver Alfred pour lui dicter une lettre d’amour au journaliste américain dont elle attend secrètement un enfant.
Dans l’attente d’une réponse qui ne viendra pas, la lettre n’ayant jamais atteint son destinataire pour des raisons que nous apprendrons dans le récit, Naema sait que chaque jour qui passe la rapproche de l’infamie et d’une mort horrible et certaine.
Alfred ne tardera pas à devenir son confident et à s’offrir comme victime expiatoire mais inutile d’un crime qu’il n’a point commis.
C’est avec exigence et talent que l’auteur nous guide dans une société afghane qui s’éveille doucement à la liberté. Celle de pouvoir écouter la radio, celle de se retrouver entre amis ou voisins, celle d’être éduqué. Cette liberté ne comprend pas pour autant celle d’aimer et d’être aimé et encore moins de porter un enfant en dehors des liens sacrés du mariage.
Question d’honneur des mâles de la famille, d’intégrisme religieux et qui ne peuvent se laver que dans une débauche de sang et de violence.
C’est un livre qui invite aussi à réfléchir à l’exigence de fidélité dans le couple, aux décisions qui s’imposent mais qu’on ne veut pas prendre quand tout sentiment pour l’autre s’est éteint, à la distance entre foi et conviction.
Amanda Sthers conserve tout au long du récit la maîtrise de son texte et des évènements alors qu’il eût été facile de sombrer dans le mélodramame inutile. La pensée et l’action restent nobles de bout en bout mais les traditions ancestrales seront malgré tout les plus fortes, l’exigence de violence et de réparation dans le sang l’emportant sur toute concession à la modernité. L’humour grinçant n’étant pas absent, il en résulte un superbe livre à découvrir sans hésitation.
Publié chez Grasset- 218 pages
Blog d'humeur littéraire - Livres, lectures, romans, essais, critiques. La lecture comme source de plaisir, d'inspiration et de réflexion.
21.3.08
La vie invisible – Juan Manuel de Prada
La vie invisible c’est celle des laissés pour compte de la société madrilène, espagnole et moderne de façon générale. Celle des drogués qui se shootent jusqu’à l’épuisement hallucinant et la mort. Celle des femmes roumaines importées sur la rumeur et la vague promesse d’une vie meilleure, ailleurs, et qui seront, sitôt arrivées sur le sol espagnol, embarquées de force comme putes et esclaves, victimes de viols, de violence et de maltraitance. Celle de ce petit peuple africain, exploité et spolié.
C’est cette vie invisible qu’Elena, jeune femme fragile et vaguement professeur de musique, rejoindra, par rédemption, après un parcours hallucinatoire qui la mènera dans une folie à la fois paranoïaque et schizophrène. Une folie dont les mécanismes nous sont extraordinairement décrits par l’auteur.
La vie invisible c’est aussi celle d’Alejandro, romancier et journaliste madrilène, le « je » du narrateur, qui se débat entre un amour sincère pour sa fiancée Laura qu’il est sur le point d’épouser et le remords d’une conduite potentiellement condamnable avec Elena, rencontrée par hasard à Chicago lors d’un congrès improbable. C’est celle de la pensée qui évolue, du doute qui s’installe, jusqu’à détruire le véritable amour, au fur et à mesure qu’Elena sombre dans un délire que rien ne peut arrêter et qu’Alejandro ne peut s’empêcher de considérer être en partie responsable, au moins putativement.
La vie invisible c’est celle de Tom Chambers, vétéran du Vietnam, marginal pensionné des Etats-Unis dont l’épouvantable captivité durant six ans dans la jungle hostile l’aura convaincu qu’il a une mission quasi divine – ou plutôt démoniaque – sur terre, celle de sauver Fanny qu’il a offensée sans qu’elle le sache au temps de son adolescence.
La vie invisible c’est le parcours de Fanny, ex pin-up des années vingt et trente, objet de tous les fantasmes sur papier glacé, violée, refoulée et qui va peu à peu sombrer dans une paranoïa totale l’amenant à assumer une mission sur terre, celle de faire obstacle aux multiples visages de Satan tout en exécutant certaines de ses œuvres jusqu’à l’internement.
La vie invisible c’est surtout un superbe, extraordinaire, sublime, spectaculaire roman dans lequel Juan Manuel de Prada s’impose définitivement comme un auteur absolu, indispensable, majeur du vingt et une nième siècle. Nous l’avions découvert avec « Le Silence du Patineur » qui nous avait ébloui. Ici, nous sommes abasourdis par tant de maîtrise, par l’intelligence de l’intrigue, l’intrication des personnages et de leurs parcours vers la folie.
Juan Manuel de Prada avait choisi un thème particulièrement complexe et exigeant. Il en sort grandi et magnifié. Jamais il ne nous a été donné à lire un texte d’une telle densité dramatique, psychologique et stylistique. Comme toujours chez lui, chaque mot est à sa juste place et tout est dit en peu de mots. Ils sont souvent accolés de façon inattendue ce qui en renforce l’impact et frappe l’inconscient du lecteur.
La poésie derrière les drames qui se jouent, est toujours affleurante, pour rendre plus douce l’atrocité qui se déroule sous nos yeux ébaudis. Comme les protagonistes du livre, nous descendons lentement dans le profond couloir des multiples folies humaines, guidés par De Prada qui est un magicien des mots, un artiste des lettres qu’il manie avec une dextérité étourdissante.
Je ne résiste pas au plaisir de citer trois phrases, prises au hasard de chacune des pages qui toutes, sans exception aucune, valent un détour toutes affaires cessantes. Chacune illustrant l’une des facettes de la richesse stylistique de l’auteur.
« Je baisais ses aisselles non rasées, aussi terribles et fascinantes que des entrées de fourmilières. »
ou encore, pour dire un matin de neige sur Madrid,
« La ville s’était réveillée embaumée et arctique mais les pneus des automobiles avaient déjà discrédité son rêve de décence. » (page 351)
et enfin :
« Il arriva au rendez-vous avec une ponctualité de satellite qui accomplit sa révolution. »
Monsieur de Prada, je vous admire pour la beauté, la fascination, la richesse de vos écrits. Je vous admire pour ce monument de littérature qu’est « La vie invisble ». Chapeau bas, senor !
Publié aux Editions du Seuil – 573 pages (d’une rare densité – prévoyez 10 à 12 heures de lecture attentive).
C’est cette vie invisible qu’Elena, jeune femme fragile et vaguement professeur de musique, rejoindra, par rédemption, après un parcours hallucinatoire qui la mènera dans une folie à la fois paranoïaque et schizophrène. Une folie dont les mécanismes nous sont extraordinairement décrits par l’auteur.
La vie invisible c’est aussi celle d’Alejandro, romancier et journaliste madrilène, le « je » du narrateur, qui se débat entre un amour sincère pour sa fiancée Laura qu’il est sur le point d’épouser et le remords d’une conduite potentiellement condamnable avec Elena, rencontrée par hasard à Chicago lors d’un congrès improbable. C’est celle de la pensée qui évolue, du doute qui s’installe, jusqu’à détruire le véritable amour, au fur et à mesure qu’Elena sombre dans un délire que rien ne peut arrêter et qu’Alejandro ne peut s’empêcher de considérer être en partie responsable, au moins putativement.
La vie invisible c’est celle de Tom Chambers, vétéran du Vietnam, marginal pensionné des Etats-Unis dont l’épouvantable captivité durant six ans dans la jungle hostile l’aura convaincu qu’il a une mission quasi divine – ou plutôt démoniaque – sur terre, celle de sauver Fanny qu’il a offensée sans qu’elle le sache au temps de son adolescence.
La vie invisible c’est le parcours de Fanny, ex pin-up des années vingt et trente, objet de tous les fantasmes sur papier glacé, violée, refoulée et qui va peu à peu sombrer dans une paranoïa totale l’amenant à assumer une mission sur terre, celle de faire obstacle aux multiples visages de Satan tout en exécutant certaines de ses œuvres jusqu’à l’internement.
La vie invisible c’est surtout un superbe, extraordinaire, sublime, spectaculaire roman dans lequel Juan Manuel de Prada s’impose définitivement comme un auteur absolu, indispensable, majeur du vingt et une nième siècle. Nous l’avions découvert avec « Le Silence du Patineur » qui nous avait ébloui. Ici, nous sommes abasourdis par tant de maîtrise, par l’intelligence de l’intrigue, l’intrication des personnages et de leurs parcours vers la folie.
Juan Manuel de Prada avait choisi un thème particulièrement complexe et exigeant. Il en sort grandi et magnifié. Jamais il ne nous a été donné à lire un texte d’une telle densité dramatique, psychologique et stylistique. Comme toujours chez lui, chaque mot est à sa juste place et tout est dit en peu de mots. Ils sont souvent accolés de façon inattendue ce qui en renforce l’impact et frappe l’inconscient du lecteur.
La poésie derrière les drames qui se jouent, est toujours affleurante, pour rendre plus douce l’atrocité qui se déroule sous nos yeux ébaudis. Comme les protagonistes du livre, nous descendons lentement dans le profond couloir des multiples folies humaines, guidés par De Prada qui est un magicien des mots, un artiste des lettres qu’il manie avec une dextérité étourdissante.
Je ne résiste pas au plaisir de citer trois phrases, prises au hasard de chacune des pages qui toutes, sans exception aucune, valent un détour toutes affaires cessantes. Chacune illustrant l’une des facettes de la richesse stylistique de l’auteur.
« Je baisais ses aisselles non rasées, aussi terribles et fascinantes que des entrées de fourmilières. »
ou encore, pour dire un matin de neige sur Madrid,
« La ville s’était réveillée embaumée et arctique mais les pneus des automobiles avaient déjà discrédité son rêve de décence. » (page 351)
et enfin :
« Il arriva au rendez-vous avec une ponctualité de satellite qui accomplit sa révolution. »
Monsieur de Prada, je vous admire pour la beauté, la fascination, la richesse de vos écrits. Je vous admire pour ce monument de littérature qu’est « La vie invisble ». Chapeau bas, senor !
Publié aux Editions du Seuil – 573 pages (d’une rare densité – prévoyez 10 à 12 heures de lecture attentive).
14.3.08
Mille six cents ventres – Luc Lang
Nous voici entraînés dans un bien étrange monde : celui des intestins et des anus malmenés des 1600 locataires de la prison de Strangeways et sur lesquels, façon de parler, le chef-cuisinier Henry Blain a la haute main !
A l’occasion d’une révolte violente des prisonniers qui, peu à peu va s’étendre à tout le royaume sous la poigne haïe de Miss Thatcher, la vérité sur les conditions sanitaires, d’hygiène, de fraîcheur et de qualité de la nourriture servie aux détenus va finir par percer. Elle est répugnante et odieuse.
Au fur et à mesure que le coin du voile se lève, nous découvrons que Henry Blain, anonyme et médiocre cuistot de seconde zone échoué à la pénitentiaire à deux pas de la retraite, est un personnage beaucoup plus complexe et torturé qu’en apparence. C’est l’une des grandes forces de ce roman que de dissimuler derrière ce quidam commun un personnage absolument hors du commun et serial killer jamais inquiété!
Obsédé par les femmes, sexuellement compulsif, ne supportant pas la mise en cause, sous l’emprise de frustrations de reconnaissance permanentes, amateur éclairé de Shakespeare dont il connaît les pièces par cœur et dont il possède presque toutes les éditions, Blain est avant tout un personnage apparemment sympathique mais réellement pervers et cruel.
Son jardin qu’il entretient amoureusement contient de bien lourds secrets !
Cuisiner est pour Blain le moyen d’exprimer une autorité qu’on lui dénie. Celle de tourmenter les intestins soumis à des répétitions flatulentes et diarrhéiques vengeresses. Celle de chef d’orchestre d’une musique pestilentielle des pets contrôlant bientôt toutes les canalisations anatomiques et physiques de la prison.
Luc Lang signe un ouvrage remarquable et gargantuesque sans jamais tomber dans la vulgarité. Ce roman est méchamment féroce et imaginatif et donne à réfléchir sur la tromperie liée aux apparences.
Un roman extraordinaire et fascinant dont il est difficile de s’extraire !
Prix Goncourt des Lycéens en 1998.
Publié aux Editions Fayard – 334 pages
A l’occasion d’une révolte violente des prisonniers qui, peu à peu va s’étendre à tout le royaume sous la poigne haïe de Miss Thatcher, la vérité sur les conditions sanitaires, d’hygiène, de fraîcheur et de qualité de la nourriture servie aux détenus va finir par percer. Elle est répugnante et odieuse.
Au fur et à mesure que le coin du voile se lève, nous découvrons que Henry Blain, anonyme et médiocre cuistot de seconde zone échoué à la pénitentiaire à deux pas de la retraite, est un personnage beaucoup plus complexe et torturé qu’en apparence. C’est l’une des grandes forces de ce roman que de dissimuler derrière ce quidam commun un personnage absolument hors du commun et serial killer jamais inquiété!
Obsédé par les femmes, sexuellement compulsif, ne supportant pas la mise en cause, sous l’emprise de frustrations de reconnaissance permanentes, amateur éclairé de Shakespeare dont il connaît les pièces par cœur et dont il possède presque toutes les éditions, Blain est avant tout un personnage apparemment sympathique mais réellement pervers et cruel.
Son jardin qu’il entretient amoureusement contient de bien lourds secrets !
Cuisiner est pour Blain le moyen d’exprimer une autorité qu’on lui dénie. Celle de tourmenter les intestins soumis à des répétitions flatulentes et diarrhéiques vengeresses. Celle de chef d’orchestre d’une musique pestilentielle des pets contrôlant bientôt toutes les canalisations anatomiques et physiques de la prison.
Luc Lang signe un ouvrage remarquable et gargantuesque sans jamais tomber dans la vulgarité. Ce roman est méchamment féroce et imaginatif et donne à réfléchir sur la tromperie liée aux apparences.
Un roman extraordinaire et fascinant dont il est difficile de s’extraire !
Prix Goncourt des Lycéens en 1998.
Publié aux Editions Fayard – 334 pages
7.3.08
La vie heureuse – Nina Bouaraoui
Marie, adolescente, aime Diane, adolescente dans sa classe, et découvre qu’elle est homosexuelle. Elle n’éprouve aucun désir pour les garçons qu’elle repousse.
Diane de son côté dit aimer Marie mais ne dédaigne pas partager sa couche avec les garçons, ce qui mortifie Marie.
Le tout se déroule entre Zurich, Rennes et Saint-Malo.
Tout cela dans plus de 300 pages (beaucoup trop !) au style incisif mais répétitif à en devenir monomaniaque. Les chapitres sont presque tous extrêmement courts (1 à 3 pages), les phrases hachées (probablement comme les sentiments de Marie).
Cela aurait pu être intéressant si l’ouvrage avait été re-serré et le style un peu plus varié. Là, on frise l’overdose d’introspection baveuse et bavarde. Tant et si bien que la lecture devient automatique et que les mots finissent par se cogner à un cerveau qui se contente d’activer le réflexe de tourner la page suivante…
Trop de mots tue l’esprit. Le manque de style endort.
Publié chez Stock – 339 pages
Diane de son côté dit aimer Marie mais ne dédaigne pas partager sa couche avec les garçons, ce qui mortifie Marie.
Le tout se déroule entre Zurich, Rennes et Saint-Malo.
Tout cela dans plus de 300 pages (beaucoup trop !) au style incisif mais répétitif à en devenir monomaniaque. Les chapitres sont presque tous extrêmement courts (1 à 3 pages), les phrases hachées (probablement comme les sentiments de Marie).
Cela aurait pu être intéressant si l’ouvrage avait été re-serré et le style un peu plus varié. Là, on frise l’overdose d’introspection baveuse et bavarde. Tant et si bien que la lecture devient automatique et que les mots finissent par se cogner à un cerveau qui se contente d’activer le réflexe de tourner la page suivante…
Trop de mots tue l’esprit. Le manque de style endort.
Publié chez Stock – 339 pages
3.3.08
Chanson des mal-aimants – Sylvie Germain
Décidément, Sylvie Germain me laisse de marbre.
Malgré des sujets assez originaux, une froideur certaine combinée à une constante distanciation dans l’écriture rendent la lecture insipide, glaciale. J’avoue avoir expédié ce roman comme on picore un toast dans un cocktail : c’est bien présenté mais cela laisse un goût d’absence et de trop peu.
Il manque de l’authenticité, de l’émotion, de l’implication, de l’originalité pour faire de ce livre un ouvrage intéressant et attirant.
On suivra les aventures désolantes et hermétiquement tristes de cette albinos abandonnée à sa naissance et maltraitée par la vie en restant constamment en dehors du récit.
Un livre à oublier.
Publié aux Editions Gallimard – 245 pages
Malgré des sujets assez originaux, une froideur certaine combinée à une constante distanciation dans l’écriture rendent la lecture insipide, glaciale. J’avoue avoir expédié ce roman comme on picore un toast dans un cocktail : c’est bien présenté mais cela laisse un goût d’absence et de trop peu.
Il manque de l’authenticité, de l’émotion, de l’implication, de l’originalité pour faire de ce livre un ouvrage intéressant et attirant.
On suivra les aventures désolantes et hermétiquement tristes de cette albinos abandonnée à sa naissance et maltraitée par la vie en restant constamment en dehors du récit.
Un livre à oublier.
Publié aux Editions Gallimard – 245 pages
Quelque part dans la voie lactée – Hubert Haddad
Recueil de nouvelles de la transfiguration, d’une luminosité stylistique encore une fois époustouflante !
Transfiguration d’un vieil acteur de théâtre qui revient à la vie, chaque soir, dans le rôle de son existence, Faust, qui le sublime et qu’il sublime, allant jusqu’à verser son propre sang pour la rédemption de Marguerite dans « Un diable sans invention ».
Transfiguration d’une strip-teaseuse de l’Erostar qui, soudainement, en plein spectacle devient invisible aux autres. Elle en profite pour favoriser, à leur insu, de violents jeux amoureux auxquels elle ne dédaigne pas de participer avant de tomber sur son âme sœur, dans « Une femme invisible ».
Transfiguration d’une jeune femme de bonne famille qui, cédant à l’inspiration artistique, habillera hallucinée, une forme d’épouvantail de ses fripes afin d’en faire la représentation tangible du cavalier bleu dans « La métamorphose du cavalier ».
Transfiguration, encore, dans « Absentia » où un pauvre garçon se verra contraint d’héberger une jeune femme dans son étroit studio parisien sans jamais la rencontrer. Pourtant, par les petites traces de vie laissées par l’un et l’autre au regard de l’autre absent, une impossible passion amoureuse finira par se nouer sans jamais pouvoir se sublimer.
Et ce ne sont là que quelques morceaux choisis.
Chacune des nouvelles de ce magnifique recueil porte sa part de folie, de fureur guerrière particulièrement frappante dans les récits se déroulant dans les temps anciens et/ou en Asie, de mini drame qui se joue dans la tête et l’âme de chacun des acteurs.
Hubert Haddad aime aussi à jouer avec nous en mettant en scène un vague homonyme partile, Hans Haddad, égyptologue collectionneur de momies avec lesquelles il entretient d’étranges rapports oniriques dans « LA Reine du Nil Bleu », accentuant encore la bizarrerie dédalique de ces récits. Chacun saura y trouver la part de rêve, de fantasmes, d’enchantement ou de délire.
Un exercice comme toujours chez Hubert Haddad, à l’écriture superbement maîtrisée, poétique et savante, dont la musique nous transporte instantanément.
Un grand auteur décidément !
Publié aux Editions Fayard – 165 pages
Transfiguration d’un vieil acteur de théâtre qui revient à la vie, chaque soir, dans le rôle de son existence, Faust, qui le sublime et qu’il sublime, allant jusqu’à verser son propre sang pour la rédemption de Marguerite dans « Un diable sans invention ».
Transfiguration d’une strip-teaseuse de l’Erostar qui, soudainement, en plein spectacle devient invisible aux autres. Elle en profite pour favoriser, à leur insu, de violents jeux amoureux auxquels elle ne dédaigne pas de participer avant de tomber sur son âme sœur, dans « Une femme invisible ».
Transfiguration d’une jeune femme de bonne famille qui, cédant à l’inspiration artistique, habillera hallucinée, une forme d’épouvantail de ses fripes afin d’en faire la représentation tangible du cavalier bleu dans « La métamorphose du cavalier ».
Transfiguration, encore, dans « Absentia » où un pauvre garçon se verra contraint d’héberger une jeune femme dans son étroit studio parisien sans jamais la rencontrer. Pourtant, par les petites traces de vie laissées par l’un et l’autre au regard de l’autre absent, une impossible passion amoureuse finira par se nouer sans jamais pouvoir se sublimer.
Et ce ne sont là que quelques morceaux choisis.
Chacune des nouvelles de ce magnifique recueil porte sa part de folie, de fureur guerrière particulièrement frappante dans les récits se déroulant dans les temps anciens et/ou en Asie, de mini drame qui se joue dans la tête et l’âme de chacun des acteurs.
Hubert Haddad aime aussi à jouer avec nous en mettant en scène un vague homonyme partile, Hans Haddad, égyptologue collectionneur de momies avec lesquelles il entretient d’étranges rapports oniriques dans « LA Reine du Nil Bleu », accentuant encore la bizarrerie dédalique de ces récits. Chacun saura y trouver la part de rêve, de fantasmes, d’enchantement ou de délire.
Un exercice comme toujours chez Hubert Haddad, à l’écriture superbement maîtrisée, poétique et savante, dont la musique nous transporte instantanément.
Un grand auteur décidément !
Publié aux Editions Fayard – 165 pages