Le grand écrivain albanais, Ismail Kadaré, se livre une fois de plus à une critique désopilante et acerbe de la société albanaise au temps du régime communiste désormais abattu. On se surprendra à sourire souvent à la lecture de ce gentil roman, non essentiel, mais qui fait passer un bon moment.
L’originalité de ce roman est de donner une place essentielle aux morts et en particulier aux héros antiques, Hector et Andromaque, l’île de Bathrint, où se trouvent les vestiges d’un théâtre antique et d’une réplique de Troie, jouant un rôle particulier dans ce récit loufoque.
Le propos de l’auteur est de montrer, en se gaussant, jusqu’où le régime totalitaire albanais était prêt à aller dans l’intoxication pour entraver une redoutable épidémie de fuites à la frontière avec la Grèce.
Pour cela, le régime n’hésitera pas à enrôler des prostituées de luxe pour démasquer les candidats dans les stations balnéaires, à exhiber des cadavres douteux pour refroidir les ardeurs et bien sûr, à emprisonner les politiques qui ont failli puisqu’ils sont inévitablement responsables.
Une intrigue compliquée mêlant amour et pièce de théâtre finira par se nouer sous nos yeux intrigués.
Avec bonheur, à chaque fois que l’on pense deviner la suite, Kadaré prend un malin plaisir à nous entraîner dans une direction inattendue et inventive.
Mais tout finira en tragédie, car même une fois le régime haï tombé, on ne badine pas avec les secrets d’état.
Amusant mais non indispensable.
Publié aux Editions Fayard – 276 pages