Ce court roman, sympathique et sans grande prétention, nous conduit au cœur d’une bourgade normande quelque part à la fin du XIXe ou du début du XXe siècles. L’atmosphère y est proche des truculentes nouvelles de Mautpassant, la férocité et le brio en moins, malheureusement.
Le thème en est l’homosexualité refoulée d’un vieux libraire, celle qui le pousse à éprouver pour ses commis, qu’il choisit jeunes et beaux, une passion absolue et propre à lui faire perdre la raison.
En bon libraire, il ne peut s’empêcher de confier ses penchants que la morale de l’époque considérait comme répréhensibles, à un journal intime.
Le roman débute sur une scène de mort violente. La mort du petit commis que tout laisse à penser être le fait du libraire libidineux sans que l’auteur, volontairement, nous indique ce qu’il en est réellement. Nous comprendrons à la fin de l’ouvrage.
Troublé et voulant éviter tout ennui, le libraire se hâte de faire disparaître le corps au fond de son sous-sol et recrute aussitôt un nouveau commis, nouvel apollon innocent.
Mais le comportement du libraire, déjà un peu loufoque auparavant, va rapidement virer à l’obsession : celle de posséder l’âme et sans doute le corps de ce bel enfant. Une obsession qui va finir par le faire remarquer par les commères ou les notables du village jusqu’à ce que son secret soit découvert.
C’est là que le roman fait penser à Mautpassan. La jalousie, la mesquinerie, la petitesse, la curiosité malsaine sont autant de ressorts puissants qui poussent la populace à surveiller, puis soupçonner et accuser un libraire qui jusqu’ici avait réussi à dissimuler ses penchants.
Au total, on passe un bon moment sans pour autant que le roman soit un grand libvre.
Publié aux Editions Anne Carrière – 183 pages