24.10.10

Elle voulait toucher le ciel – Yves Viollier


Avec ce roman, l’auteur devrait toucher un large public amateur de lecture simple, facile d’approche, bien construite et distrayante. Un ouvrage qui se situe dans le droit fil de la production prolifique d’une Bernard Clavel, récemment décédé : bien fait, pas désagréable mais que l’on oubliera assez rapidement.

Bref, si vous cherchez quelque chose qui sorte de l’ordinaire, ce n’est pas pour vous.

Si vous vous demandez, en revanche, comment occuper agréablement une journée de vacances, le choix est alors parfaitement recommandable.

Yves Viollier nous transporte au cœur de la Charente. Une femme écrit et raconte. On pressent un malheur, une étrangeté. 300 pages plus loin, on en saura tout, et plus d’une vie aura été chamboulée.

Renée a la bonne cinquantaine. Elle est fille de l’Assistance Publique après que sa mère l’aura abandonnée en pleine seconde guerre mondiale. C’est une « fille de boche » qui traîne son origine comme une marque d’infamie, un ostracisme d’autant plus cruel qu’il fut colporté, amplifié par des enfants de son âge qui ne faisaient que répéter ce qu’ils avaient entendu chez eux.

Renée est mariée à Bernard depuis l’âge de seize ans. Un amour solide, profond, simple, poli par le temps, profondément ancré par les épreuves qu’il a fallu endurer et l’adversité d’une belle-famille qui ne voulait pas de Renée, fille de rien accusée de voler un fils pour accaparer l’héritage d’une famille de viticulteurs. C’est que nous sommes au pays du Cognac. Un pays en crise où l’argent ne coule plus à flots.

Renée et Bernard, après avoir attendu trente ans qu’une succession se débloque, entreprennent de restaurer un gigantesque logis reçu en héritage. Une entreprise titanesque, trop grosse pour être menée à deux, trop lourde pour un couple de retraités aux petits moyens. Mais ils ont attendu toute leur vie d’entreprendre de redonner vie au « Château de l’ingénieur », gloire architecturale du patelin où ils habitent.

Mais voilà qu’un corbeau vient entraver leur aventure. Un corbeau qui fait resurgir l’origine obscure et infamante de Renée pour la déstabiliser, la faire douter, la détruire. Un corbeau qui va s’acharner sur le couple jusqu’à ce que les drames s’enchaînent.

L’auteur sait parfaitement maintenir le suspense et conduire son intrigue sans dévier du droit fil. Une intrigue qui va nous en apprendre long sur le couple et qui va enfin permettre à Renée de comprendre d’où elle vient et de qui elle est l’enfant.

L’ambiance typique des petites villes de province où tout se sait, tout s’entend, tout le monde se surveille est également rendue avec un excellent réalisme. Une ambiance très téléfilm de bonne qualité.

Des rebondissements en juste quantité, un style simple en font un bouquin agréable et à consommer pour ce qu’il est. Ce n’est déjà pas mal !

Publié aux Editions Robert Laffont – 300 pages