17.9.11

Assureur d’emplois – Bernard Houot


Bernard Houot est un ancien élève de Polytechnique, diplômé de Harvard, ex-cadre de Hewlett Packard et qui a occupé un poste de conseiller technique de Délégué Général de la Fondation Réussite Scolaire auprès du Maire de Lyon. Désormais à la retraite, il consacre une partie de son temps à publier à compte d’auteur des ouvrages de réflexion sur des problèmes fondamentaux de société. Il s’était d’ailleurs déjà fait remarquer en publiant un récit autobiographique « Cœur de Prof., l’année sabbatique d’un cadre sup dans l’enseignement scolaire, publié chez Calmann-Lévy en 1991 et Lauréat du prix Enseignement et Liberté.

Avec « Assureur d’Emplois », Bernard Houot tente d’apporter une réponse originale et fort bien argumentée pour traiter de façon déterminée et positive le problème du chômage qui met, à terme, en péril le fondement social de notre société française.

Partant du principe que Pôle Emploi est largement incapable de traiter convenablement les millions de dossiers qui s’accumulent et que cela conduit un nombre croissant de nos compatriotes à l’exclusion sociale et à la survie à force de mécanismes d’assistance sociale de plus en plus coûteux qui ne règlent rien au problème et à ses causes, il jette les bases d’une approche révolutionnaire dérivée de l’observation de ce qui s’est fait dans les pays nordiques et, en particulier, aux Pays-Bas.

Le fondement de sa proposition consiste à créer des assureurs d’emploi privés qui se substitueraient à Pôle Emploi, au moins en partie, et dont le seul objectif serait d’embaucher des chômeurs, leur garantissant un salaire défini sur la base de leurs compétences, afin de proposer cette force de travail aux employeurs en recherche de personnel. Le personnel dont ils auraient ainsi la charge serait assuré d’être rémunéré dans des conditions prédéterminées aussi longtemps que les deux conditions suivantes seraient remplies : acceptation de toutes les missions confiées, quelles qu’en soient la nature, la durée, la localisation ET absence de faute grave.

Le financement de ces assureurs serait alors garanti par les économies sociales effectuées (moins de personnel Pôle Emploi, moins de prestations sociales) et par le fait que les dirigeants de ces entreprises seraient les seuls à ne pas bénéficier d’une telle assurance devant de ce fait trouver des solutions pour placer leur personnel et dégager une profitabilité assurant la continuité de leurs activités. Par un mécanisme d’exonérations de charges sociales, ces travailleurs constitueraient alors une main-d’œuvre qualifiée, disponible, flexible, mobile et compétitive en matière de coûts ce qui serait, pour l’auteur, une garantie suffisante au succès de la manœuvre.

Méthodiquement Bernard Houot s’emploie à lister les objections qui ne manqueront pas de s’élever et d’y apporter des réponses argumentées, le plus souvent assez convaincantes, il faut bien l’avouer.

Sur le papier, le dispositif semble pouvoir fonctionner sous certaines conditions d’encadrement par les Pouvoirs Publics. Il est maintenant évident qu’une telle approche ne manquerait pas de soulever de violentes réactions dogmatiques et idéologiques dans notre pays devenu hyper-corporatiste et qui a instauré l’assistance sociale sans contrepartie en matière de traitement du chômage et de l’exclusion. Il est à parier qu’il faudrait un courage politique encore plus grand que celui nécessaire à l’inévitable, et encore bancale, réforme des retraites pour imposer ne serait-ce que quelques expériences pilotes avec des volontaires.

En tous cas, malgré certaines faiblesses d’argumentation ici ou là, (on pense en particulier à toute la partie concernant la revitalisation des zones en voie de désertification économique), nous ne pouvons que saluer l’initiative que les candidats à l’élection présidentielle seraient bien inspirés de lire et d’inscrire à leurs programmes. L’auteur invite d’ailleurs à souscrire à sa proposition. Espérons qu’il sera écouté au moins pour envoyer un message ! Notre pays doit changer et effectuer de radicales réformes au risque de sombrer…

Publié aux Editions Houot – 2011 – 150 pages