JP. Dubois est un auteur présentant de multiple facettes. Avec « Homme entre eux », que nous avions adoré, nous étions plongés dans un monde cruel, angoissant, bizarre, à la limite de la normalité. Un monde où la mort rodait avant de frapper.
Avec « Vous plaisantez, monsieur Tanner », c’est un style léger, drôle, alerte, vif qui est mis au service d’une histoire hilarante inspirée d’une situation réelle.
Celles et ceux qui ont été confrontés à des travaux un tant soit peu conséquents, faisant appel à des corps de métier divers et ennemis héréditaires, à des dépassements d’honoraires et de délais, se reconnaîtront immédiatement.
La réfection abyssale d’une vieille bâtisse reçue en héritage d’un oncle homosexuel donne le prétexte à un défilé de personnages et de situations hauts en couleurs. Nous suivons avec compassion et amusement les infortunes de ce Monsieur Tanner qui doit jongler avec des artisans tantôt incapables, souvent inconséquents, méprisants, racistes ou maniaques. Le tout aux plus grands frais avec des factures qui s’allongent indéfiniment, des surprises qui n’en finissent pas et qui poussent à une obsession compulsive d’en terminer enfin et à tout prix.
Le talent de JP. Dubois est d’avoir su camper, toujours en quelques traits, des personnages qui marquent. Nous croiserons un peintre qui se prend pour un artiste et joue des caprices de star, un couple gay impayable de gaillards du Gard à l’accent aussi mémorable que leur mise en pli, un électricien russe fou de Dieu et aux techniques très particulières, un chauffagiste déprimé et étourdi, un plombier précieux et sosie de Louis de Funès…
Les chapitres sont courts, très travaillés. La langue est fleurie, à l’image de celle parlée sur les chantiers. On sourit souvent, rit parfois aux éclats. J’avoue que le chapitre confrontant les plaquistes gitans à l’électricien russe m’a fait rire aux larmes !
C’est léger, talentueux, vrai et le livre se lit en une petite soirée.
A découvrir sans plus attendre (cela reste le plus grand succès de l’auteur).
Publié aux Editions de l’Olivier – 199 pages