A la plus grande surprise de son auteur
lui-même, cette jolie fable moderne à la fois douce et triste a fait un tabac.
Plus de six millions d’exemplaires vendus au Japon et un succès international.
Comme l’auteur l’explique dans son
intéressante et courte postface, même si le roman n’est pas à proprement
autobiographique, c’est bien son histoire d’amour fusionnel avec son épouse
qu’il raconte. Il est rare pour les Japonais d’exprimer leurs sentiments mais
Takuji Ichikawa ne se reconnaît absolument pas dans la société nippone moderne
et s’est toujours senti en marge, différent des autres, sans doute inadapté à
un monde impersonnel et féroce à la fois. Autant de facteurs qui pourraient
expliquer l’incroyable succès littéraire.
Tak-kun, le personnage central du roman (et
aussi le diminutif affectif du propre prénom de l’auteur), est un jeune veuf
qui tente de s’en sortir avec son fils de six ans. Depuis que sa femme Mio est
décédée à l’âge de vingt-neuf ans, Tak-kun tente de survivre. C’est
particulièrement difficile quand on est un homme fragile psychologiquement et
physiquement car Tak-kun est incapable de supporter les transports en commun,
l’éloignement de son domicile, le stress de façon générale et vit perpétuellement
entre deux crises qui le laissent épuisé. Du coup, le foyer va à vau-l’eau.
Repas répétitifs et déséquilibrés, linge sale qui s’empile, appartement peu
reluisant. Et Tak-kun est de moins en moins assidu et performant dans son
travail.
Avant de mourir, Mio lui avait promis que s’il
s’occupait correctement de leur fils, elle reviendrait les voir au début de la
saison des pluies pour repartir à la saison sèche. Or, à un retour de promenade
de Tak-kun et son fils, c’est bien Mio qui les attend devant la porte d’une
usine désaffectée.
Mais Mio semble avoir tout oublié et il leur
faudra réapprendre à vivre ensemble, revivre leur histoire d’amour en osant
aller à la découverte les uns des autres. Ce qui est simple pour un enfant qui
acceptera sans difficulté l’improbable, sera un peu plus long pour les adultes
d’autant qu’ils se cachent des secrets qui ne seront révélés qu’en fin de roman
ce qui nous permettra, plus ou moins, de comprendre comment Mio est revenue d’entre
les morts.
Tout cela n’aura qu’un court temps, six semaines,
mais permettra à Tak-kun d’affronter
plus sereinement sa vie définitive sans sa femme et de devenir un adulte plus
pleinement responsable.
Ce roman plein de bons sentiments et de pudeur
aussi se lit avec plaisir et ne manquera pas de tirer quelques larmes de
compassion ou de tristesse de tout lecteur normalement constitué. Une jolie
fable moderne à découvrir.
Publié aux Editions Flammarion – 2012 -321
pages