« L’éléphant s’évapore » est un recueil de
dix-sept nouvelles, de longueurs très inégales, publiées par cet auteur majeur
japonais, également enseignant à Princeton, dont nous vous avons souvent
conseillé les ouvrages sur Cetalir.
Une fois de plus, Murakami nous entraîne dans son univers
très personnel, fait d’un imaginaire débridé, décalé et de personnages qui
peinent à trouver une place naturelle, lissée dans une société japonaise
spécialement stressante et formelle.
Publiées sur une quinzaine d’années, ces nouvelles nous font
découvrir des histoires étonnantes, souvent amusantes, qui, en général, ne se
terminent pas bien. On sera troublé par cette rencontre avec un danseur nain
qui cherche à tout prix à se réincarner dans la peau d’un ouvrier d’une
fabrique d’éléphants bioniques en lui faisant miroiter l’inévitable conquête
d’une énigmatique et superbe ouvrière qui vient d’arriver.
On s’interrogera sur le côté schizophrénique de ces petits
personnages qui semblent sortir tout droit d’un poste de télévision dont la
présence nouvelle n’est remarquée que par un époux en bute à une femme un peu
castratrice.
On rêvera avec le gentil jeune homme tondeur scrupuleux et
méticuleux de pelouses et sa rencontre avec une femme hommasse et qui lui
imposera de visiter la chambre de sa fille absente.
On sera sans doute porté par la poésie de la nouvelle
éponyme qui fait disparaître un éléphant et son gardien par une belle nuit ne
laissant qu’une cage immaculée et un anneau intact, plongeant ainsi la
population et les medias dans un abîme de perplexité.
Ce recueil est une des multiples façons de découvrir la
richesse imaginaire de l’auteur et sa capacité à se renouveler. Il n’a
cependant pas, à nos yeux, la même profondeur dramatique, la même intensité ou
brutalité dérangeante que ses romans (cf « La ballade de
l’impossible » ou « Le passage de la nuit » dont vous trouverez
les notes de lecture sur Cetalir).
Publié aux Editions Belfond – 417 pages