Fernando Aramburu fait partie de ces écrivains brillants et
contemporains que compte l’Espagne littéraire. On y retrouve d’ailleurs souvent
la verve éclairée et croustillante, moins emphatique cependant, qu’un De la
Puerta.
« Le salon des incurables » est un admirable
recueil de douze nouvelles qui se déguste avec délectation et passion. Douze
nouvelles qui tournent autour de la mort, douze nouvelles pour mettre en scène
l’absurdité totale, des vies ratées, étroites et sombres et qui vont se trouver
confronter à la mort, directement ou indirectement.
Une mort la plupart du temps absurde, gratuite mais qui
devient un prétexte à passer au vitriol les nombreux petits travers de nos
coreligionnaires. L’auteur possède un talent remarquable pour tirer parti de
situations banales et en faire des moments de bravoures littéraires ! Avec
un sens du rythme, un choix méticuleux des mots, Aramburu nous aspire dans ses
histoires rocambolesques, parfois bariolées et picaresques, parfois sombres et
froides. Personne n’en sort grandi, sauf l’auteur.
C’est la compulsion névrotique, l’appât du gain, la
spéculation morbide, l’angoisse de la maladie, l’internement, le racisme, entre
autres, qui forment autant de prétextes à une succession de véritables perles.
La nouvelle éponyme, la plus longue du recueil (56 pages),
mérite un discernement particulier. Elle cristallise tout ce que l’humanité
peut avoir de petit quand elle s’aventure dans la bassesse.
Mais de ces univers glauques, l’auteur tire à chaque fois un
récit époustouflant qui choque ou fait sourire. C’est selon.
Précipitez-vous sur ce bijou !
Publié aux Editions Buchet – Chastel - 309 pages