Ces heureux n’ont rien de vraiment heureux. Au contraire,
dans un genre nouveau pour elle, celui de la nouvelle, en dix-huit tableaux
touchants et souvent féroces, Yasmina Reza fait montre une nouvelle fois de son
talent protéiforme.
Voici des personnages plutôt socialement bien installés dans
la vie, qui ont réussi ou en présentent la plupart des apparences. Bref, des
hommes et des femmes dont on pourrait penser qu’ils ont tout pour être heureux.
C’est sans compter sur la maladie, la solitude, la crise
identitaire, le doute qui s’emparent d’eux et les poussent vers une vie qui
risque bien de présenter toutes les caractéristiques contraires de celle à
laquelle ils auraient pu prétendre. On suivra ces personnages qui se croisent
et s’entrecroisent au fil de ces dix-huit tableaux si bien qu’au fond, derrière
ces nouvelles, se tisse l’esquisse d’un roman dont on aperçoit la trame.
Le roman des illusions perdues, des vies fichues par les mauvais choix ou les circonstances.
Tout cela aurait pu être profondément déprimant. C’est sans compter sur le
génie caustique de l’auteur qui parvient à nos soutirer des sourires face à
cette mascarade qu’est la vie humaine.
Tout cela est fort bien fait, bien construit, très bien
écrit mais ne laissera pas un souvenir impérissable. A lire en toute
connaissance de cause donc.
Publié aux Editions Flammarion – 2013 – 187 pages