Une mission que
Jurgen aura bien du mal à accomplir car il rencontrera sur place un médecin bourru
qui ne cesse de tourner autour de cette maison, à la recherche d’indices ou de
documents qui prouveraient que celle dont il fut éperdument amoureux, la mère
de Rina, sans jamais être payé de retour s’est bel et bien suicidée comme il en
est convaincu.
Influençable et
fragile, en proie aux doutes, Jurgen devient hanté par cette histoire et par
cette maison qui semble recéler bien des secrets d’autant que son épouse s’est
toujours obstinément tue sur ses parents qu’elle a toujours dit ne pas avoir
connus. La vieille bâtisse agit du coup comme un gigantesque aimant qui attire
à elle les esprits un peu perturbés ou simplement curieux, poussant Jurgen à
rechercher de façon systématique la moindre information parmi les malles et les
piles de vieux papiers qui jonchent les greniers.
Plus Jurgen
investigue et avance dans sa compréhension de l’histoire familiale tourmentée
des Breskel, plus il s’interroge dans son journal intime qui sert de trame au
récit sur la vraie nature de la relation avec son épouse. Voici des années
qu’ils vivent ensemble mais il réalise seulement maintenant, grâce à ses
découvertes, qu’il ne la connaît pas au fond.
Car, en enquêtant
sur la mère de Rina qui devient peu à peu une figure quasi mythologique, c’est
aussi et surtout sur lui-même que Jurgen enquête. Que veut-il faire de sa vie,
quel est l’avenir de son mariage, quelle place a-t-il vraiment dans le
monde ?
Hella Haasse fait
progresser son récit en multipliant les découvertes et les fausses pistes. Sa
maîtrise de la psychologie des personnages est grande et propre à maintenir un
intérêt certain tout au long de ce récit très introspectif. Toutefois,
l’écriture paraît souvent très artificielle, un brin surannée, ajoutant
beaucoup d’emphase à une narration qui manque cruellement de naturel sauf à la
placer à deux ou trois siècles de distance ce qu’elle n’est pas. Ceci finit par
en rendre la lecture moyennement palpitante mais conviendra tout-à-fait aux
lecteurs sensibles au temps qui s’écoule lentement, aux atmosphères
psychologiques et un peu nébuleuses et au style très travaillé.
Publié aux
Editions Actes Sud – 1998 – 141 pages