C’est tout cela
que l’on retrouvera ici dans trois longues nouvelles de chacune une centaine de
pages. Trois nouvelles mettant en scène trois personnages principaux en proie à
la solitude, à la difficulté à trouver leur place dans la vie, à une certaine
mélancolie aussi parce qu’ils ont tous quelque chose à accomplir qui les mine
ou les motive et dont ils finiront, chacun à sa manière, par trouver comment y
parvenir afin de pouvoir continuer à avancer dans une vie parsemée d’embûches.
Dans « La
fille du fermier », Sarah est une adolescente qui doit composer avec de
multiples difficultés. L’arrachement à son milieu d’origine pour suivre la
lubie de son père décidé à s’installer comme rancher au beau milieu du Montana.
Puis le départ d’une mère qui n’en peut plus d’un mari qu’elle ne comprend plus
et qu’elle n’aime plus. La découverte d’une intelligence hors norme qui lui
ouvre les portes d’universités offrant des horizons que la vie rurale et rude
ne laissait pas soupçonner. Un viol enfin qu’il faudra venger à tout prix, ceci
devenant une idée fixe oblitérant tout le reste. Jim Harison signe ici une très
grande nouvelle, la meilleure de ce récit.
Avec « Chien
Brun, le retour », c’est la difficulté de vivre en métis au quart indien
que nous conte l’auteur. Une difficulté d’autant plus grande que Chien brun est
obsédé par le sexe qu’il pratique lubriquement avec toute partenaire prête à
ses fantaisies et ses besoins quasi compulsifs. Difficulté accentuée par un
besoin de solitude permanent pour se plonger au cœur de la nature et survivre à
une fille handicapée et abandonnée par sa mère qu’on décide de lui arracher et
à une nouvelle compagne qui veut à tout prix un enfant de lui mais sans
pratiquer de rapport sexuel. Une quadrature du cercle qui finira par trouver
une conclusion dans une grande débauche rabelaisienne.
« Les jeux
de la nuit » qui conclue l’ouvrage revisite le mythe de la lycanthropie.
Voici un homme qui, à chaque changement de lune, bascule dans des jeux
nocturnes d’une extrême violence et dont il ne conserve que de très vagues
souvenirs. Comment mener une existence normale quand on est une sorte de
monstre et que l’on se sait condamné à moyen terme par une maladie du sang
incurable ? Une nouvelle troublante, épique mais aussi très romantique
comme nous finirons par le voir.
Moins abouti que
« Légendes d’automne », ce recueil de nouvelles n’en reste pas moins
recommandable pour entrer dans le monde fascinant de Jim Harrison.
Publié aux
Editions Flammarion – 2010 – 334 pages