Si vous avez aimé « L’ombre du vent », best seller
de Zafon, alors il y a toutes les chances que vous adoriez « La ville de
l’ange ».
Le roman de Ruiz participe des mêmes principes qui font un
tabac depuis quelque temps de l’autre côté de la frontière ibérique. En
assemblant avec talent et subtilité une grosse pincée d’ésotérisme, une
relation à la religion qui prête plus au diable qu’elle n’accorde à un Dieu en
voie de disparition et une intrigue policière solide, pour peu que vous y
ajoutiez un usage pertinent de la psychologie et que l’auteur soit un maître
dans l’art des rebondissements, vous obtiendrez à quasi coup sûr un bouquin
excellemment construit, palpitant et fort sympathique. C’est d’ailleurs cela
quia valu à « La ville de l’ange » le Prix International de l’Edition
en 2001, deuxième roman de ce jeune écrivain Sévillan.
Quelques mots sur l’intrigue.
Alicia est une femme autour de quarante ans qui vit hantée
par la mort de son mari et de sa fille dans un accident de la route, quelques
années plus tôt. Sa vie triste et monotone, qu’elle supporte à coups de psychotropes,
est devenue insupportable depuis que, chaque nuit, un rêve étrange apparaisse
en se faisant de plus en plus précis.
Elle se retrouve à circuler seule, dans une ville
parfaitement agencée, d’architecture classique, vidée de tout habitant. Y
trônent quatre anges, aux quatre points cardinaux, dont la position d’un des
pieds ne peut qu’intriguer. Ces anges semblent lui envoyer des messages.
Bientôt, Alicia qui est persuadée d’avoir déjà vu cette
ville ailleurs, se trouvera confrontée au surgissement dans le monde réel des
différents anges sous la forme de statues dont l’apparition suscite la
convoitise d’une cohorte de personnages douteux et troubles jusque chez ses
voisins les plus proches.
Aidée par son beau-frère qui est amoureux d’elle, elle va
partir dans une enquête dangereuse et parsemée de meurtres violents dont la
mise en scène fait référence à des rites sataniques. Il de vient évident que ces
anges sont porteurs d’un message qu’il faudra décoder en parcourant des
incunables, en interrogeant des personnages savants et redoutables tout en
faisant face à une multiplication d’intimidations et de violence.
Mené à un rythme haletant, le rythme ne souffre aucunement
de références de plus en plus précises à des phénomènes historiques au fur et à
mesure que l’enquête progresse. Il est même effrayant de voir la folie des
hommes à travers les siècles passés où magie noire et pouvoir faisant souvent bon
ménage.
Publié aux Editions Gallimard – 2002 – 319 pages