26.6.15

Le ravissement des innocents – Taiye Selasi


Ce premier roman fit le ravissement de la critique, salué unanimement comme un des livres majeurs américains sortis en 2013. Aguiché par tant de louanges, je me faisais un plaisir à l’avance de découvrir ce roman prometteur.

Patatras, quelle ne fut pas ma déception ! Au risque de paraître iconoclaste ou inculte (pourquoi pas, j’assumerai), je me suis tellement ennuyé à la lecture de ce bouquin que j’ai fini par abandonner au bout de plus de cent cinquante pages de persévérance laborieuse. Ce qui me rassure cependant c’est, qu’en en discutant autour de moi auprès d’autres lecteurs avides, la plupart ont connu la même expérience et ont laissé tomber bien avant moi.

Non pas que le livre soit mal écrit, bien au contraire. Madame Selasi, entre autres diplômée de Yale, est caractéristique de cette génération d’Afroaméricains brillants et trouvant s’imposant de plus en plus dans une société américaine où, longtemps, la culture blanche et WASP a prévalu. Il fourmille de références artistiques et d’analyses fort pertinentes ou éclairantes.

Mais, on n’en comprend pas le propos si bien qu’arrivé à plus de la moitié du texte, je n’arrivais toujours pas à véritablement comprendre qui était qui et encore moins à déterminer où l’auteur voulait en venir.

S’agit-il de faire un long travail de deuil d’un père, chirurgien cardiaque brillant, décédé stupidement seul au petit matin d’une crise cardiaque dans son jardin ? De conter la dispersion et l’éclatement d’une fratrie qu’un deuil va permettre de réunir à nouveau pour tenter de soigner des plaies laissées ouvertes et secrètes ? De nous dire la difficulté à trouver sa place quand on est Ghanéen et que l’on vit à Boston ou à New-York ? Sans doute tout cela à la fois… Mais le récit est tellement déstructuré et construit d’une écriture tellement sophistiquée qu’il en devient terriblement pénible.

Reste à espérer que, malgré les commentaires similaires entendus autour de moi, il subsistera un public de lecteurs capable d’apprécier à l’image de la critique professionnelle.


Publié aux editions Gallimard – 2014 – 368 pages