17.9.16

Bel ordure – Elise Fontenaille


Elise Fontenaille aime les situations contrastées, extrêmes parfois (« Unica », « Les disparues de Vancouver » etc…) dans lesquelles elle trouve une inspiration renouvelée pour réaliser des livres qui jamais ne se ressemblent.

Alors, quand c’est une histoire d’amour qui cette fois-ci l’inspire, il ne peut bien entendu s’agir d’un amour paisible, simple. Non, la passion qui saisit ici Eva est irrépressible, impulsive. C’est une fulgurance qui la saisit lorsqu’elle croise Adama, un sublime apollon de vingt ans son aîné à la peau moirée, aux dreadlocks grisonnants. Un ancien danseur de la troupe de Béjart, long et mince, musclé et charmeur, vivant d’on ne sait quoi, ne s’encombrant d’aucun bien ni d’argent. Alors, il la suit chez elle après qu’elle l’y ait invité.

Mais on sait depuis la Bible qu’entre ces nouveaux Adam et Eve (auxquels l’auteur n’a fait qu’ajouter la voyelle a en forme de clin d’œil), l’histoire ne peut que mal se terminer. D’ailleurs, le roman commence alors qu’Eva ressort du commissariat après avoir refusé d’ouvrir sa porte à Adama, ivre. A rebours, Elise Fontenaille nous fait revivre une histoire qui, comme beaucoup de passions amoureuses, se termine mal.

Car, derrière le charme et le mystère d’Adama se cachent bien des secrets.  C’est peu à peu une « bel ordure » qui se dessine, celle d’un homme hanté par l’alcool, d’un séducteur inconstant qui vit de femmes un peu aveugles ou trop sensibles ou trop seules pour lui résister. Un être un peu louche aux facettes infinies que nous finirons par entrevoir. Mais, on le sait, il est souvent difficile de trancher entre la raison et le cœur si bien qu’il faut parfois des situations extrêmes pour prendre conscience de la dérive et de la destruction dans laquelle on s’est laissé entraîner.

Elise Fontenaille signe ici encore un assez beau roman qui n’atteint toutefois pas le degré de perfection et de maîtrise des opus précédents en raison d’un manque de rythme autour des deux-tiers de l’intrigue provoquant un léger décrochage, difficile à rattraper.


Publié aux Editions Calmann-Lévy – 2016 – 232 pages